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Nîmes : Baptiste Rabichon et la mémoire des chemises de son père au CACN


Pour sa dernière exposition dans ses locaux actuels, le Centre d'art contemporain de Nîmes présente une série de photos de Baptiste Rabichon.

Photographe reconnu, régulièrement exposé notamment l’an dernier aux Rencontres d’Arles, lauréat de la résidence BMW, Baptiste Rabichon n’avait jamais montré son travail à Nîmes, la ville où il a grandi. Le Centre d’art contemporain de Nîmes lui consacre enfin une exposition, pleine de mystère et de sensibilité et finit en beauté une aventure dans les locaux actuels, en attendant de trouver un nouveau lieu.

Avec “Les chemises de mon père”, Baptiste Rabichon présente un travail autour de la mémoire. Sa famille n’est pas originaire de la région, mais un jour quelqu’un a offert à son père une chemise aux motifs provençaux. Elle lui allait bien et le paternel a adopté la mode locale. « C’est devenu un peu naturel de lui en offrir », se souvient Baptiste Rabichon, qui pour son retour à Nîmes a souhaité explorer ce motif comme un clin d’œil à la ville et à la mémoire familiale. « J’avais envie de parler de ce père très discret qui portait des chemises éclatantes. Un peu comme Marcel Pagnol qui fait de son père un héros pour une leçon de classe ou une perdrix tuée par hasard et qui titre son livre "La Gloire de mon père" », s’amuse Baptiste Rabichon.

À partir de cette idée, le photographe a développé de multiples procédés complexes où il égare l’œil, par un mélange de scan, de prise de vue numérique, de manipulations argentiques en laboratoire. À partir de photos des fameuses chemises (Les Indiennes de Nîmes lui ont mis à disposition l’intégralité de leur gamme), il projette des taches de peintures au moment du tirage. « Dans ce jeu, c’est la tache qui protège et le tissu est préservé au lieu d’être sali », explique Baptiste Rabichon. Peu à peu, il pousse ses expériences pour une variation et des images étranges, parfois difficiles à lire, jouant avec le motif un peu à la manière des artistes de Supports/Surfaces et écartant toute idée de nostalgie. Dans ce travail au long cours, il accumule les couches, les strates comme les souvenirs s’empilent, parfois réels, parfois rêvés, parfois déformés, exagérés. Les images scannées des chemises portées où se devinent des détails de peau, de chair, de poils sont particulièrement troublantes avec des parcelles de vie qui palpitent discrètement au coeur du tissu.

« Je suis à cheval entre la photo classique, des prises de vues presque scientifiques qui vont chercher quelque chose qu’on ne peut pas voir et des compositions évoquant la peinture ou la sculpture », explique l’artiste, dans une nouvelle ère post-photographique.

Avec sa démarche, la photographie et parfois même le papier photographique capte à la manière d’un œil une réalité qui échappe au regard humain. « Avec le scanner par exemple, il n’y a aucune profondeur de champs et un simple pli de peau peut devenir comme une montagne », sourit l’artiste, qui se situe dans un monde en mutation. « Nous sommes comme au moment où la peinture a été dégagée de son obligation de figurer la réalité par l’apparition de la photo, dit-il. Aujourd’hui, avec la multiplication des outils numériques, la photo n’a plus à représenter le réel puisque tout le monde l’a dans sa poche ».

Jusqu'au 30 novembre. Mardi au samedi, 11 h-18 h. Centre d'art contemporain de Nîmes CACN, 25 rue Saint-Rémy, Nîmes. Entrée libre. 09 86 41 60 33.

 

Une saison itinérante...

Le Centre d'art contemporain de Nîmes va quitter les locaux actuels et est toujours à la recherche d'un nouvel espace d'exposition. En attendant de trouver de nouveaux murs, c'est une saison itinérantes qui débute.

Ainsi, jusqu'au 2 novembre, la galerie Anne Gabrielli à Montpellier accueille une exposition personnelle de Margaux Fontaine. Le CACN va ensuite participer au projet de la communauté d'agglomération Nîmes métropole "Les sources du geste", au cours duquel des artistes liés à Nîmes (Tjeerd Alkema, Emma Godebska, Audrey Guiraud, Pascale Hugonet, Eve Maillot et Baptiste Rabichon) vont présenter leur travail au Jinan Art Museum en Chine.

Du 16 mai au 18 juillet 2020, le CACN s'installe à la galerie de la Vigie à Nîmes avec une exposition au titre poétique "Pour un élan passif des choses. De la rêverie humide. Lui, les siens, tambours battants. Extase de l’excès" réunissant des travaux de Morgan Azaroff, Lucie Férézou, Léo Fourdrinier et Louise Mervelet.

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