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Rencontres d'Arles : les voyages américains de Raymond Depardon


"Raymond Depardon USA, 1968-1999", dans le cadre des Rencontres de la photo d'Arles.

Raymond Depardon est sans doute le photographe français qui a le mieux saisi l'Amérique, son histoire, ses failles sociales, ses paysages. Au coeur d'un cycle "America Great Again", les Rencontres de la photographie d'Arles lui consacrent une superbe exposition, brève et intense, magnifiquement accrochée et éclairée à l'espace Van Gogh, qui accueille parallèlement un autre regard européen sur les Etats-Unis avec les premières photos de Robert Frank.

De 1968 à 1999, les images présentées montrent plusieurs aspects de la carrière de Raymond Depardon et au gré des évolutions, plusieurs regards sur l'Amérique. En 1968, le photographe suit la campagne électorale de Richard Nixon et les mouvements contre la guerre du Vietnam. Seul photographe français à suivre le président victorieux, il montre déjà un style très contrasté, un noir et blanc très libre, qui débute une décennie d'affranchissement à l'égard des exigences traditionnelles de la presse.

Ce style très personnel explose avec la série de photos réalisée à New York durant l'été 1981. A la demande du journal Libération, du 6 juillet au 12 août, il envoie chaque jour un cliché et quelques lignes. Il livre ainsi un récit à l'égard de l'actualité, renouvelant la photo de rue, s'attachant à des détails pour une correspondance décalée. Ce tournant est décisif pour la carrière du photographe. Presque 40 ans après, il n'a rien perdu de sa fraîcheur. Inutile de préciser qu'aucun journal aujourd'hui n'aurait les moyens (ni l'idée ?) de passer une telle commande à un photographe comme Raymond Depardon, à la fois journaliste et artiste, qui partage sans enjeu une vision d'une ville, un regard sur le monde. De New York, il envoie des photos de la salle de bain de son hôtel avec vue panoramique, les gamins des rues, des perspectives inédites sur la ville. Dommage que les photos soient présentées dans les légendes rédigées à l'époque.

L'année suivante, il sillonne l'ouest des Etats-Unis. Raymond Depardon traverse des paysages qui appartiennent à la mythologie, grâce au cinéma américain. Dans cette fugue poétique, il montre à la fois les grandes étendues, des petites villes façon La Soif du mal, des villes californiennes, les dinners, les paysages à travers la fenêtre du train, une modernité qui se construit avec volontarisme et enthousiasme.

L'exposition s'achève avec une série réalisée en 1999. Choisissant un format hauteur, il casse les règles de la photographie de paysages. Dans des visions désertiques, il célèbre la nature, les grands espaces du Montana ou du Dakota du Sud. Paradoxalement, dans cette errance, en refusant la vision panoramique, il oblige le regard à s'enfoncer profondément dans les perspectives qu'il choisit.

Jusqu'au 23 septembre. Tous les jours, 10 h-19 h 30. Espace Van Gogh, place du Docteur-Fanton, Arles.

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