top of page

A Arles, sur la piste de Khaemouaset, le prince égyptien archéologue


Avec 120 pièces prêtées par les plus grandes institutions, le musée départemental de l'Arles antique retrace le parcours de Khaemouaset, fils de Ramses II, grand restaurateur des cultes et des temples de ses ancêtres.

Personnage peu connu du grand public, Khaemouaset est une source inépuisable d’intérêt et d’émerveillement pour les tous les égyptologues du monde. Grâce à un fructueux partenariat avec le Louvre, le musée départemental de l’Arles antique évoque le parcours de ce fils de Ramsès II, surnommé le prince archéologue. Plus de cent vingt pièces sont rassemblées, venant du British Museum et des grandes collections européennes, pour montrer les liens qui se tissent à l’époque entre savoir et pouvoir afin de légitimer politiquement et symboliquement le pharaon.

D’emblée, le visiteur est accueilli par les sculptures majestueuses du bâtisseur Ramsès, image archétypale du pharaon, et de son fils. Le prince est représenté dans une attitude de marche, regard au loin pour montrer son dynamisme.

Des nombreuses inscriptions et les bas-reliefs montrent l’importance du personnage, mais surtout la place qu'accepte de lui laisser son père. Ainsi, il donne des vases canopes avec des inscriptions évoquant cette offrande, ce qui est normalement un privilège royal. Il organise les fêtes-sed, grands jubilés célébrés à partir de la trentième année de règne du pharaon. Il réhabilite les sites anciens d’Abousir, la pyramide de Djeser... « On a déjà eu des travaux sur des bâtiments du passé, mais jamais de cette ampleur. D’où sa renommée, explique Alain Charron, conservateur. Et chaque fois, il se débrouille pour laisser son nom... » Le but est certes de relever des monuments anciens éprouvés par les siècles, mais surtout de restaurer le culte royal et de légitimer une dynastie encore récente sur le trône.

A Saqqarah, en tant que grand prêtre de Ptah, il s’intéresse particulièrement au culte du taureau Apis, manifestation terrestre et idolâtrée du dieu et donne l'impulsion à un vaste réaménagement des lieux. Il fait construire le temple du Serapeum et les petits souterrains, des catacombes où sont enterrés les taureaux.

De nombreuses stèles évoquent ce culte. Certains bijoux retrouvés dans les tombes sortent pour la première fois des vitrines du Louvre pour être exposés à Arles. Parmi les trésors un grand pectoral au nom de Ramses II ou un pectoral à faucon à tête de bélier d’un extraordinaire finesse. De nombreuses chaouabti, ces petites statuettes déposées en offrande dans les tombes, portent le nom de Khaemouaset lui-même.

Dans ce contexte, la figure du lettré et de l’intellectuel est fondamentale. Khaemouaset est un érudit, admirateur de son aîné l’architecte Imhotep, présent avec une sublime statue de pierre sombre. En Egypte, celui qui maîtrise le secret des hiéroglyphes exerce un pouvoir certain sur les autres. Cet apanage des élites, jalousement conservé, donne accès à la médecine, à la littérature, à l’astronomie...

L’exposition se poursuit avec la découverte par Mariette au XIXe siècle de la mystérieuse tombe du prince, en tout cas de son trousseau funéraire sur le site même du Serapeum. Parmi les trouvailles de Mariette, un étonnant masque mortuaire doré, peu conforme aux habitudes de l'époque et saisissant de réalisme. Loin d'être figé dans une jeunesse éternelle, voici un personnage empâté et marqué par l'âge. Peut-être, le masque a-t-il été directement moulé sur le visage du mort ?

La mémoire de cet homme de savoir et de pouvoir a perduré très longtemps en Orient. Des papyrus donnent à lire des contes évoquant Khaemouaset 1 200 ans après sa mort, soit la distance qui nous sépare aujourd'hui de Charlemagne !

Jusqu'au 22 janvier 2017. Du mercredi au lundi, 10 h à 18 h. Musée départemental de l'Arles antique, presqu'île du Cirque-Romain, Arles. 04 13 31 51 03.

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page