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Arles : les artistes de la 34e biennale de São Paulo à la fondation Luma

La fondation Luma Arles présente une sélection des artistes présentés lors de la 34e biennale de São Paulo, l'un des événements les plus importants en matière d'art contemporain sur le continent latino-américain.

La liste des artistes exposés à la fondation Luma Arles peut laisser les amateurs d'art interrogatifs. La plupart des artistes sélectionnés pour la 34e biennale de São Paulo au Brésil, n'ont jamais été ou rarement vus dans les grandes institutions européennes. Pourtant, il est frappant à la visite de constater à quel point, d'un continent à l'autre, les problématiques travaillées par les créateurs contemporains dialoguent, s'épousent, se complètent...

Derrière le beau titre poétique "Même dans la pénombre, je chante encore", l'exposition présentée une première fois en février 2020 en Amérique latine suggère que les œuvres peuvent être lues de manière différente en fonction du contexte de présentation et met en avant des artistes tournés vers l'exploration. La présentation rassemble quatorze artistes, venus de sept pays différents, avec des oeuvres crées comme des récits ouvertement politiques. « Je suis ravie de voir le travail d'artistes venant d'horizons différents (...) au sein d'une exposition qui s'inscrit dans notre mission d'ouverture et d'inclusion, visant toujours à placer les artistes les plus innovants au centre de nos programmes », explique la mécène Maja Hoffmann, fondatrice de Luma. Avec Vassilis Oikonomopoulos, directeur des expositions, la fondation garde le cap très homogène d'une programmation tournée vers les questions sociétales, pensées à l'échelle internationale.

Parallèlement aux œuvres, quelques clins d'œil à l'histoire viennent contextualiser la présentation, des portraits de Frederick Douglas, qui a lutté contre l'esclavage aux Etats-Unis et été l'un des hommes les plus photographiés de son temps, la cloche d’Ouro Preto qui a rythmé l'histoire brésilienne, les chants des communautés Tikmu’un...


Face à ces déclarations, ces symboles, les artistes sélectionnés (et montrés dans un Brésil dirigé à l'époque par Bolsonaro) développent un art en prise avec le monde, interrogeant l'héritage colonial, les questionnements autour du genre et les grands équilibres de la planète, la place de la poésie face à la violence et aux effondrements.


D'emblée, le regard est capté par les monotypes de La Bouche de l'enfer de Carmela Gross, masses sombres, explosives et volcaniques qui envahissent l'espace. « Mon corps faisait sortir ses pierres », se souvient l'artiste qui fait référence avec son titre à Gregório de Matos, poète du XVIIe siècle évoquant la violence de la société esclavagiste. Les oeuvres couvrent un mur entier, dessinant un vaste paysage abstrait. Entre passé et présent, les céramiques du Martiniquais Victor Anicet, ami d'Edouard Glissant invitent à voyager dans un monde créolisé et pluriel. Avec l'installation vidéo Astérismes, Amie Siegel livre une constellation d'images autour d'un monde artificiel et avide.




Le contact avec les origines, les sociétés indigènes, la nature est au cœur de plusieurs travaux. Pendant la pandémie, devant « l'impossibilité de protester » devant la politique de Bolsorano, Alice Shintani a sorti ses gouaches pour peindre des fleurs. « Tout peut être politique, c'était une façon de me sentir vivante dans ce contexte », dit-elle. Utilisant les armes du féminisme militant, Naomi Rincón Gallardo manie l'ironie pour évoquer la préservation des cultures, « l'importance des éléments ancestraux et le formatage des sociétés. » Jaider Esbell revisite l'histoire de l'art pour l'émanciper d'une perspective occidentale, couvrant un livre plein de chefs-d'oeuvres de dessins personnels.


La question du genre, omniprésente dans la création contemporaine, est au cœur du travail de Seba Calfuqueo. Pour réfléchir à l'idée de masculinité, l'artiste s'est souvenue d'une tradition de sa communauté, où les « hommes devaient porter un tronc sur l'épaule pour être élu leader. » Avec les performances Alka Domo, l'artiste se filme en talons aiguilles promenant son morceau de bois creusé dans divers lieux publics. Dès les années 1970, Zózimo Bulbul jouait aussi avec les stéréotypes de l'homme noir.


La mémoire reste vive... Avec des œuvres créées pendant la dictature, Regina Silveira évoque la violence militaire, mais les ombres oppressives s'allongent de façon démesurée devenant presque abstraites. Face à la chute, en pleine guerre du Kippour, l'Israélienne Noa Eshkol trouve refuge dans un art collaboratif, créant à partir de tissus recyclés des tapis comme autant de fenêtres poétiques ouvrant vers un ailleurs plus apaisé.


Jusqu'au 5 mars. Mercredi au dimanche, 10 h-18 h. Médiations mercredi et vendredi, 10 h 30 ; jeudi, 15 h ; samedi et dimanche, 10 h30 et 15 h. Fondation Luma, parc des ateliers, Arles. Gratuit. Sur réservation luma.org







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