Sur la piste... La vie de saint Benoît à l'abbaye de Monte Oliveto Maggiore

Visite de l'abbaye Santa Maria de Monte Oliveto Maggiore, dans le sud de la Toscane, connue pour son cycle de fresques de Luca Signorelli et du Sodoma évoquant la vie de saint Benoît.

Il est très rare d'avoir une telle proximité avec des fresques exceptionnelles. A l'abbaye Santa-Maria de Monte Olivetto Maggiore, près d'Asciano, les fresques ne couvrent pas les hautes voûtes d'une église, mais enserrent le cloître, offrant aux visiteurs un regard d'une rare immédiateté.

Fondée en 1313, l'abbaye était au centre d'un vaste réseau monastique, rassemblant plus de 1 500 moines. Situés sur une hauteur dominant la vallée de l'Ombrone, les bâtiments en brique rouge sont un havre de paix. Dès l'entrée, des statues en terre cuite polychrome de l'école d'Andrea della Robbia accueillent les visiteurs. L'église principale mélange les styles gothiques et baroques.

Mais le chef-d'oeuvre de l'abbaye, c'est bien sûr le cloître, réalisé au milieu du XVe siècle puis au XVIe si décoré de fresques peintes par Le Sodoma et Luca Signorelli, évoquant la vie légendaire de saint Benoît, dont les préceptes ont très largement influencé toute la vie monacale en Europe occidentale.

Une première partie du cycle a été réalisée par Luca Signorelli, en 1497 et 1498, puis complétée à partir de 1505 par Le Sodoma. Composée à partir du récit du pape Grégoire Le Grand (540-604), il s'agit de l'évocation picturale la plus complète de la vie du saint, né à la vin du Ve siècle et mort en 547.

Né vers 1450 à Cortone, dans la province d'Arezzo, Luca Signorelli est mort dans la même ville en 1523. Il est l'un des grands représentants de l'école de peinture florentine, formé d'après Giorgio Vasari, dans l'atelier de Piero della Francesca.

Après un séjour à Arezzo, il s'installe à Florence, où il devient le disciple d'Andrea Del Verrochio, participe à la décoration de la Sixtine avec le Testament et mort de Moïse. Après la mort de Laurent le Magnifique, l'artiste, très lié aux Médicis, quitte la capitale toscane. Il crée son atelier et répond à de nombreuses commandes, pour Città del Castello, la cathédrale d'Orvietto, la basilique de Lorette et bien sûr cette abbaye de Monte Olivetto Maggiore, dont il laisse le cloître inachevé après avoir réalisé huit fresques.

Le chantier redémarre quelques années plus tard, avec Le Sodoma, qui complète le cycle avec vingt-six nouvelles fresques. Né en 1477 Giovanni Antonio Bazzi, à Vercei, dans le Piémont, il est d'abord formé par l'école lombarde. Lors d'un séjour à Rome, il participe à la décoration des chambres du Vatican avec Raphaël, puis s'installe à Sienne où il meurt en 1549. Très influencé par Léonard de Vinci, l'artiste était toujours entouré de jeunes gens, d'où son surnom...

Saint Benoît est l'un des saints les plus importants de la Chrétienté. Considéré par les catholiques et les orthodoxes comme le patriarche des moines d'Occident, Benoît de Nursie est né vers 480 en Ombrie et mort en 547 au monastère du Mont-Cassin. Fondateur de l'ordre des Bénédictins, il a édicté une règle qui a largement inspiré tout le monachisme. Son enseignement se base sur quatre principes, la modération présente dans toutes les activités quotidiennes, la gravité qui a pour corollaire le silence, l'austérité qui entraîne l'éloignement des choses matérielles et la douceur faite bonté tournée vers les humbles.

Les moines doivent donc consacrer leur vie à la prière, à l'étude et au travail manuel. Le temps est rythmé par l'alternance de tâches régulières et d'offices. La règle se résume entre une maxime : "ora et labora", c'est-à-dire "prie et travaille".