Sur la piste... Les vies de saint François d'Assise par Giotto
Dire que c'est chef-d'oeuvre, une date majeure de l'histoire de l'art est presque banal. Des mots, des mots... Il faut être noyé dans la peinture du Giotto, submergé par les fresques de la basilique supérieure d'Assise contant l'histoire de saint François pour en mesurer l'ampleur, avec une émotion silencieuse. L'église est avant tout un lieu de pèlerinage, François d'Assise, l'un des saints les plus importants de la Chrétienté et les plus adorés par les Italiens. D'où la ferveur et le recueillement qui emplissent la nef. Mais c'est aussi l'un des sommets du Trecento, ce quatorzième siècle tellement fondamental pour l'histoire de l'art qui aboutiront à la Renaissance et à une nouvelle perception de la perspective, de l'espace et de la place de l'homme dans le monde.
Malgré le terrible tremblement de terre de 1997, les fresques ont traversé les siècles, remarquablement restaurées. Le désastre est aujourd'hui presqu'invisible. Réalisées durant les dernières années du XIIIe siècle, elles sont le manifeste des recherches du Giotto. Chaque baie de la nef est divisée en trois parties, contant les principales scènes de la vie de saint François, depuis la vocation jusqu'à sa mort, en passant par le renoncement aux biens matériels ou le fameux prêche à ses frères les oiseaux.
Le travail sur la perspective a nourri toute la peinture de la Renaissance. La composition est d'une intelligence supérieure, rendant à la fois le propos très lisible et maniant tout le vocabulaire des symboles chrétiens. Des générations d'historiens de l'art ont discuté depuis des siècles de cette oeuvre spectaculaire et qui garde en même temps une puissance intime. Mais rien, pas même ces quelques photos, ne peut transmettre l'émotion qui jaillit de chaque paroi de cette église, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.