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Le Vigan : en hommage à Ellsworth Kelly, une immersion dans la couleur


Au château d'Assas au Vigan, Guillaume Moschini, Miles Hall et Valérie Woillet dialoguent avec l'oeuvre du peintre américain Ellsworth Kelly

Ellsworth Kelly est un cas à part dans l’histoire de l’art américain du XXe siècle. Souvent assimilé au minimalisme, il s’en distingue pourtant par son refus de la table rase. Contemporain des grandes avant-gardes américaines, Ellsworth Kelly (1923-2015) n’a pas construit son art dans une opposition à l’art européen et a toujours refusé les attitudes dogmatiques. Au contraire, ce peintre, pourtant radical, s’est nourri de l’art roman provençal, de l’impressionnisme ou de Matisse qu'il a appris à connaître lors d'un long séjour en France après la Seconde Guerre mondiale. A la même époque, il fréquente également Jean Arp, Brancusi ou Alexander Calder... Au château d’Assas au Vigan, dans le Gard, l'exposition "About Ellsworth Kelly" réunit trois artistes abstraits d’aujourd’hui qui lui rendent hommage par un dialogue coloré avec l’œuvre du maître.

Pour Ellsworth Kelly, son art « est le résultat de l’observation exacte de la forme d’une feuille, d’une fleur ou d’un fruit. Rien n’est modifié ou ajouté : pas d’ombre, pas de signes sur la surface ». Il expliquait également : « Ma peinture est un fragment du monde visuel, dont la troisième dimension est exclue ». Les formes sont réduites à leur plus simple expression, des géométries courbes et parfois sensuelles, des morceaux de couleur. L’ambition de cette nudité est d’augmenter l’effet visuel de la peinture, les sensations qui en naissent.

Guillaume Moschini utilise ce vocabulaire épuré et silencieux qu'Ellsworth Kelly nommait les patterns, arches, triangles, flèches. Dans un accrochage au sol, n’utilisant que les trois couleurs primaires, il crée un sous-sol coloré jouant sur les variations de ton, sur lequel il dispose des formes monochromes, peintes sans modulation et découpées. Le but est de retrouver le mûrissement de la couleur, cher à Ellsworth Kelly, qui vient imprégner la rétine, modifier l’espace, sans illusion mais sans renoncer à une forme de jeu visuel.

L’Australien Miles Hall utilise également la répétition et l’épure pour des tableaux abstraits où subsiste comme le fantôme d’une ligne d’horizon. Ses toiles sont construites avec rigueur mais témoignent d’un plaisir de la couleur, qu’il utilise avec élégance et délicatesse, par des effets de coulure, de recouvrement, de transparence... Tout en restant dans un art assez austère dans la forme, il ne refuse ni les effets de matière, ni une nostalgie de la profondeur.

Enfin, Valérie Woillet évoque la Fenêtre du musée d’art moderne d’Ellsworth Kelly, déjà une référence à une toile de Matisse. Dans ses grandes toiles à la taille des fenêtres du château, elle fait chuter des rectangles en équilibre, jouant sur les tonalités de la couleur. Nourrie également par Supports-Surfaces, elle peint sur des bâches qui gardent les traces de leur passé, leurs coutures. Elles viennent toucher le sol pour recomposer un nouvel espace, jouer avec les perceptions, proposer une véritable immersion dans ses couleurs.

Jusqu’au 18 novembre. Lundi au vendredi, 10 h 30 à 12 h 30 et 13 h 30 à 17 h 30. Château d’Assas, 11 rue des Barris, Le Vigan. Entrée libre. 04 99 64 26 62.

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