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Sauve : les curiosités de Larnoline


La galerie Larnoline à Sauve dans le Gard réunit une dizaine d'artistes autour de l'idée du cabinet de curiosités.

Voici un petit lieu d’art, encore méconnu et qui ne devrait pas le rester longtemps s’il maintient l’excellence de sa programmation. Depuis l’année dernière, Caroline Vachet-Delmas et Arnaud Delmas ont quitté leur galerie du centre de Lyon pour créer Larnoline et présenter de l’art contemporain au cœur du village médiéval de Sauve, dans le Gard. Très attirés par le dessin, les galeristes présentent des oeuvres à tous les prix, de la petite encre à 70 euros à la grande sculpture à 17 000 euros.

Dans le bâtiment de l’ancien évêché, ils ont transformé les voûtes de pierre en petit cocon à l'atmosphère intime et attachante. L’exposition collective qu’ils présentent actuellement, Curiosités, joue d’ailleurs avec l’espace de façon réjouissante. Caroline et Arnaud ont rassemblé une dizaine d’artistes dont l’univers tourne autour des limites entre l’humanité et l’animalité, autour des apparitions fantastiques et des créatures chimériques, évoquant les légendaires cabinets de curiosités dans lesquels les érudits accumulaient autrefois de façon hétéroclite merveilles antiques, œuvres d’art et mystérieux objets exotiques...

La star de l’exposition, c’est bien sûr Ghyslain Bertholon. Avec un sens aigu de la dérision, il a construit son travail autour de la place de l’homme dans la nature, ciblant notamment la vanité de son existence à travers ses rapports à l’Autre animal. Dans les bois dorés d’un grand cerf, il sculpte de petits crânes humains. À la manière des trophées de chasse, il accroche aux murs des “trochés de face” où la tête des animaux est remplacée par la croupe. Au centre d’une fontaine d'amour, il pose un gigantesque cœur prêt à palpiter, prêt à s'emballer... A côté, une horloge s’est arrêtée et les rats ont été saisis par cette pause temporelle, mais sur le point de se remettre à courir...

Le rêve (ou le cauchemar ?) se poursuit avec une série de coups de cœurs de Caroline et Arnaud, des artistes de la région et internationaux qui créent souvent des petits univers clos dans lequel une œuvre se développe comme se reproduisent les cellules, en s’engendrant l’une l’autre. La céramiste Juli About crée des porcelaines évoquant la fragilité de l’être et de la matière. Ses œuvres sont comme des coraux, à la fois statiques et vivants. Elle trouble le regard avec des pièces très délicates et organiques. Un coquillage est également un sein ou un œil. Les racines commencent à s’enrouler autour d’une cuillère nourricière...

Également céramiste Karen Petit manie la matière avec sensualité, détournant les formes utilitaires, jouant avec les drapés, les surfaces, les empreintes, les éclats...

Avec un maniement assez virtuose de l’encre, Lola B. Deswarte présente des êtres hybrides, des corps élancés dansant dans un monde onirique. Sarah Jérôme crée également un univers troublant. Sur des calques, elle dessine de façon très spontanée. Puis lentement, par des effets de recouvrement, d’effacement, elle développe le dessin pour jouer sur les lumières, la matière. Jouant également avec la transparence de la peinture, Julien Bouissou s’intéresse au corps, à son intériorité, à ses humeurs. Il présente notamment une étonnante série d’aquarelles peintes à la langue. L’inquiétude s’installe peu à peu... Comme dans les cœurs de Claire Lebeau ou les personnages de Laure Boin où les petites bêtes avancent avec douceur, mais de façon dévorante !

Anya Belyat Giunta, artiste d’origine russe qui s’est exilée aux États-Unis à l’époque soviétique, construit également des mondes étranges. La galerie prépare la publication d’un livre sur son travail où résonnent des échos des songes cruels des surréalistes. La paix intérieure est également bouleversée par les dessins de la Japonaise Ayako David Kawauchi hantée par les craintes de l’enfance, la solitude et les rêves qui imprègnent chaque œuvre de cette exposition pleine d’un charme inquiétant et ensorcelant.

Jusqu’au 30 décembre. Vendredi au dimanche, 11 h à 18 h. Galerie Larnoline, 2 rue de l’Évêché, Sauve. Entrée libre. 06 22 35 45 93.

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