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Sauve : Ghyslain Bertholon face à face avec le cinéma à la galerie Larnoline


Ghyslain Bertholon expose une série de dessins inédits de la série Diachromes Synchromes à la galerie Larnoline, à Sauve dans le Gard.

Une taupe sortant le bout de son nez d'un crassier. Des Trochés de face où des animaux d’élevage sont empaillés mais présentent leurs culs plutôt que leurs sourires. Ses volumes, entre sculpture et taxidermie, évoquant de façon ironique les relations entre l’homme et l’animal dans la société industrielle sont montrées partout dans le monde. Ghyslain Bertholon dévoile à la galerie Larnoline à Sauve, dans le Gard, une série de dessins inédits, plus intimes, autour de sa passion du cinéma, mais qui prennent place dans une réflexion plus large autour de la place de l’image aujourd’hui.

De même que les animaux d’élevage, les images, d'information ou divertissement, sont produites à la chaîne. « J’ai connu une télévision artisanale, bancale, hésitante, qui s’arrêtait la nuit, se souvient l’artiste. Désormais, nous sommes dans un flot incessant et mondial. Des gens produisent des images en continu, parce que ça ne doit jamais s’arrêter ». Face à ce fleuve vertigineux, Ghyslain Bertholon a voulu interroger cette révolution médiatique avec le cycle Diachromes Synchromes.

Dans les Diachromes, il plonge la tête la première dans ce fleuve. Cela a commencé par des images qu’il piochait au hasard. Après avoir interrogé des artistes, il définissait une seconde, prenait l’image télévisée correspondante du média le plus important du pays où il se trouvait et l’élevait au rang d’icône en en faisant un vitrail, transformant un instant anodin et éphémère en œuvre destinée à traverser les siècles. La première personne qui avait participé à la série était Roman Opolka, dont la réflexion sur le temps formait un corpus vertigineux. Il s’est aussi lancé dans une série de performances Ma journée de travail pour lesquelles il s’enfermait dans un centre d’art et couvrait les murs de fusain, accumulant les images télévisées qui défilaient sous ses yeux. Le Stéphanois finissait sa journée de communion médiatique fourbu, harassé, noir comme un mineur de fond.

Après ces expériences, il a eu envie de se lancer dans quelque chose de plus personnel. Avec l’exposition "Face à face à face" et les dessins de sa série Synchromes, il renoue avec une passion qui date de l'école des Beaux-arts. « Je prends un film, je choisis l’intelligence d’un réalisateur, je me confronte à son regard », explique l’artiste, qui décortique « les outils qu’il utilise pour dessiner, sculpter un film avec des comédiens ».

Ghyslain Bertholon regarde un film et en même temps dessine ce qu’il voit, avec un focus sur l’un des acteurs. Au début, avec son goût des protocoles, il ne suivait que l’œil droit et dessinait tous les plans. Peu à peu, il a assoupli sa technique. Les dessins se superposent. Il assemble, recouvre, recompose un film complet ou un extrait. Le résultat évoque parfois les transparences de Picabia, quand le trait d’un dessin épouse celui d’un autre. Peu à peu, le pinceau, qui ne servait qu’à effacer, est venu rejoindre le crayon pour donner de la vie aux visages des acteurs.

Sans se laisser griser par la virtuosité, il n’hésite pas à recouvrir ce qu’il vient de tracer avec l’idée d’enfermer dans un dessin une vision totale du film, « une déclaration d’amour à un réalisateur ». Les dessins sont d’une densité incroyable, pleins d’une mémoire vertigineuse. Ce qu’on ne voit plus ou à peine palpite silencieusement pour donner naissance à « une œuvre à partir d’une œuvre, mais qui est autre chose ».

L’insolence et la jeunesse de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, la violence et la passion des films de Tarantino, la grâce et l’absurde de The Party de Blake Edwards, la peur et la folie de The Shining de Stanley Kubrick... Ghyslain Bertholon travaille sur l’énergie, se laisse guider par son émotion quitte à s’éloigner du projet de départ. « C'est un moment hors sol, je suis dans ma bulle. La première fois que j’ai dessiné A bout de souffle, l’idée était de suivre Belmondo et puis je suis tombé dans les yeux de Jean Seberg », explique-t-il. Il partage ainsi les films qui l’aident à vivre. Et au-delà « du rendez-vous intellectuel avec un réalisateur », car ce travail demande de décortiquer la composition d’un film plan par plan, il propose aussi « une rencontre émotionnelle avec ceux qui ont vu le film au moment de sa sortie, ceux qui le voient et ceux qui le verront. J’aime bien l’idée que des personnes qui ne sont pas encore nées vont les découvrir ». Et peut-être après avoir vu un dessin de Ghyslain Bertholon...

Jusqu'au 26 novembre. Vendredi au dimanche, 11 h-13 h et 15 h-18 h. Et sur rendez-vous. Galerie Larnoline, 2 rue de l'Evêché, Sauve. Entrée libre. 04 66 80 53 03.

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