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Arles : l'art contemporain monumental à la fondation Luma


Encore en chantier, la fondation Luma d'Arles pour laquelle Frank Gehry a dessiné une tour, présente trois expos et dévoile les goûts et les ambitions de la mécène Maja Hoffmann.

A quoi ressemblera la fondation Luma à Arles ? Les anciens ateliers SNCF sont en cours de restauration. La tour, dessinée par Frank O. Gehry, est en construction. Mais la programmation ? Pour l'heure, la milliardaire suisse Maja Hoffmann qui finance le projet reste floue, voulant faire des lieux un laboratoire, un temple de la création en laissant sa part à l'expérimentation, aux rencontres entre les disciplines et en refusant les catégories institutionnelles. Dans son projet, elle s'est bien entourée : la star des curators Hans-Ulrich Obrist, les plasticiens Philippe Parreno et Liam Gillick, Tom Eccles du Hessel museum of art de New York et Beatrix Ruf de la fondation Stedelijk à Amsterdam.

Peu à peu, quelques projets concrets émergent. Le chorégraphe Benjamin Millepied a installé sa compagnie LA Dance Project pour trois ans. Et quelques expositions permettent d'en savoir un peu plus sur les goûts et les ambitions de la mécène et collectionneuse. Trois projets sont visibles actuellement. Monumentaux comme ce chantier !

C'est notamment le cas en ce moment avec la présentation de l'impressionnante installation Colored Sculpture de l'Américain Jordan Wolfson auquel la Stedelijk d'Amsterdam consacrera prochainement une exposition. Dans l'atelier de mécanique, l'artiste présente son étrange pantin désarticulé et une expérience troublante. Enchaîné à une gigantesque machine, il est secoué, balloté, traîné. Il tombe, il rampe, se relève, il danse, bondit, s'écrase dans un déluge furieux de bruits mécaniques et d'extraits de When a man loves a woman de Percy Sledge. Devant cette scène à la fois violente et enfantine, les sentiments sont aussi bouleversés que ce bonhomme aux allures de Tom Sawyer. Le spectateur reste interdit devant le spectacle gratuit d'un calvaire. Comment réagir ? Faut-il intervenir ? Faut-il regarder ? Que faire ?

Malmenée, la marionnette conserve malgré tout son sourire mi-goguenard, mi-carnassier, mais surtout grâce à un système de reconnaissance optique garde un oeil sur le spectateur, fixe ce témoin voyeur de son supplice absurde. Bluffant !

Parallèlement, les expositions estivales ont été prolongées, notamment la présentation de l'installation, également monumentale, More Sweetly Play the Dance du plasticien sud-africain William Kentridge. L'artiste, engagé dans la mémoire de l'Apartheid et de son pays, propose une vaste fresque numérique de 40 mètres de long. Marche funèbre, manifestation, parade, processions ?

Sur une musique répétitive envoûtante, dans un paysage désertique un brûlé crayonné en noir, défilent dans une joyeuse ambiance apocalyptique une drôle de compagnie. Des tribuns, des squelettes, des hommes en uniforme, des musiciens, des danseurs, des malades avec leurs perfusions de médicaments et d'artefacts de la société de consommation... Marchent-ils vers la mort ou vers la rédemption ?

Inscrites dans la cadre du parcours des Rencontres d'Arles, "Systematically Open. Nouvelles formes de la production de l'image contemporaine" est une exposition complexe explorant les différentes réflexions autour de la production et de la diffusion des images. Le propos n'est pas toujours très lisible...

Coup de coeur pour Somnyma Ngonyama (Salut à toi, lionne noire en zoulou), projet spectaculaire tant par l'ambition que par l'accrochage, de l'artiste Zanele Muholi, également originaire d'Afrique du Sud. A travers une série d'autoportraits, l'artiste questionne les stéréotypes qui accompagnent la représentation du corps noir, particulièrement celui des femmes. Grimée, coiffée d'objets divers, elle évoque à travers cette série d'images frappantes l'histoire de son pays, de son continent, ses luttes, ses blessures, les problématiques culturelles ou sociales qui continuent à l'agiter, toujours avec un art de la provocation qui détourne les clichés ethnocentristes pour mieux les dénoncer.

Jusqu'au 23 octobre. Fondation Luma, parc des ateliers, avenue Victor-Hugo, Arles. 9 €, 7 €.

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