Arles : la magie silencieuse du monde selon Pentti Sammallahti
Le photographe finlandais Pentti Sammallahti scrute, d'un oeil méditatif, la beauté du monde. Il est exposé à la Chapelle du Méjan à Arles, le lieu culturel des éditions Actes Sud.
"J'ai soudain saisi ce que me disaient la pierre à côté de moi, le bateau sur le rivage, le nuage qui naviguait dans le ciel et l'écriture en points saillants des oiseaux migrateurs. J ’ai alors compris qu’on ne prenait pas les photographies, mais qu’on les recevait, explique le photographe finlandais Pentti Sammallahti.
Tout son art, exposé jusqu’à Noël à la chapelle du Méjan à Arles, réside dans cette humilité du regard, dans cette attente du cadeau, mais aussi et surtout dans le talent de saisir ce petit instant offert. Don et contre-don... Pentti Sammallahti reçoit beaucoup, mais il donne en échange. Il donne des images stupéfiantes, fantastiques et pourtant pleines des murmures du monde.
Le secret ? Prendre son temps... Pentti Sammallahti est un contemplatif, chacune de ses photographies est une méditation sur la petitesse de l’homme dans le cosmos, sur les bonheurs infimes, les éclats de beauté qui scintillent dans l'univers. L'artiste parcourt les grands espaces, les steppes et les déserts, mais il est un anti-spectaculaire. Chaque paysage, chaque être qui le peuple est toujours regardé singulièrement et à hauteur d'homme.
Son univers est peuplé de chiens errants, d’oiseaux, de singes. Ses horizons semblent infinis. Des plaines enneigés de Russie aux montagnes du Népal, Pentti Sammallahti a fait le tour du monde en ramenant des photos suspendues, totalement intemporelles ce qui semble logique quand il photographie une mer, une forêt, un nuage ou un menhir mais qui paraît invraisemblable quand il s’arrête devant une scène du rue ou pour un portrait.
Combien de temps a-t-il attendu dans la pénombre qu’un crapaud sorte les yeux d’un étang, la lune quasiment dans la spirale du nombre d’or ? Pentti Sammallahti ne scrute pas l’instant décisif comme Henri Cartier-Bresson, il attend les apparitions, la magie de l'instant.
Une singe chevauchant une chèvre, un chien allongé sur le dos d’une vache sacrée, une assemblée de chats sur un quai regardant les filets de poissons qui sèchent, un chien sur une moto à la manière d’un biker devant ses copains... Les animaux tiennent une grande part dans cet émerveillement. Non dénués d’humour, les clichés de Sammallahti sont truffés de petits détails. Il y a souvent plusieurs photos en une. Pour les découvrir, il faut faire comme l’artiste, prendre son temps.
Car Sammallahti aime les tirages aux dimensions modestes. Ses photos sont silencieuses et mélancoliques. Il photographie l’immensité de la vie avec modestie, attentif à sa préciosité. Il n’est jamais dans le décoratif, l’anecdotique ou la mièvrerie, l’artiste regarde en face la réalité, mais d’un œil de poète qui sait voir la magie de la création.
Jusqu'au 24 décembre. Mercredi au dimanche, 14 h à 18 h. Chapelle du Méjan, place Massillon, Arles. Entrée libre. 04 90 49 56 78,