A Montpellier, le déluge et l'espoir d'une renaissance par Barthélémy Toguo
Récent finaliste du prix Marcel Duchamp, Barthélémy Toguo, artiste originaire du Cameroun, présente une exposition autour du déluge au Carré Sainte-Anne à Montpellier.
Une exposition foudroyante ! Sans pathos, sans fausse pudeur, sans démagogie, Barthélémy Toguo livre une partition d'une justesse absolue autour du chaos contemporain de la planète et de l'histoire biblique du déluge. Le décor du Carré Sainte-Anne, ancienne église transformée en centre d'art, donne une force et une émotion supplémentaires à un accrochage spectaculaire et manifeste.
Au centre de la nef, l'artiste installe une cinquantaine de cercueils, mais il pourrait y en avoir un millier, comme autant de victimes innocentes et anonymes des désastres du monde, des guerres, des catastrophes écologiques... Tous sont taillés de la même façon et pourtant les tailles varient légèrement. Chaque personne est à la fois singulière et emportée par un mouvement qui la dépasse. Face au choeur, Barthélémy Toguo tourne le cercueil d'un enfant, plus petit que les autres.
De part et d'autre de cette installation théâtrale, Barthélémy Toguo poursuit la dramaturgie en accrochant deux séries de grandes toiles, des papiers marouflés couverts d'aquarelle au style vif.
D'un côté, l'artiste représente le monde d'aujourd'hui, en commençant par une évocation du petit Alan Kurdi, cet enfant de 3 ans retrouvé noyé sur une plage de Turquie en fuyant Kobané et la guerre civile syrienne. Sur les tableaux défilent les barbelés des frontières, les hommes en arme, les femmes violentées et emprisonnées derrière des burkas, la cupidité qui ignore l'humanité.
En face, Barthélémy Toguo évoque l'histoire biblique de Noé. Les animaux dans un paradis perdu, l'arche, le déluge et la désolation, puis la renaissance, la reconstruction d'un nouveau monde possible... Car malgré tout, Barthélémy Toguo n'oublie pas l'espoir. Des plantes commencent à descendre des colonnes de l'église, prémices d'une vie future et meilleure.
Jusqu'au 6 novembre. Mardi au dimanche, 10 h à 13 h et 14 h à 18 h. Carré Sainte-Anne, 2 rue Philippy, Montpellier. 04 67 60 82 11.
Depuis toujours, l'artiste pluridisciplinaire s'intéresse aux tourments du monde. Finaliste malheureux du prix Marcel-Duchamp, la plus prestigieuse des récompenses françaises en matière de création contemporaine, Barthélémy Toguo présente en ce moment au centre Pompidou à Paris Vaincre le virus, une série des céramiques peintes évoquant le sida et le virus ebola.
Les oeuvres ont été réalisées en étroite collaboration avec les scientifiques de l'Institut Pasteur. Réalisés en Chine, les vases ont été conçus après l'observation au microscope de cellules infectées et à partir des documents de travail des chercheurs. D'après les propos de l'artiste, ces formes proposent une vision poétique des virus, parfois associées à des autoportraits, appropriations intimes de ce projet scientifique et politique. La forme des vases symbolise le rapport ambivalent à l'eau, purificatrice et régénératrice mais aussi source de contamination.
Jusqu'au 30 janvier 2017. Tous les jours, 11 h à 21 h. Galerie 3, centre Pompidou, Paris. 14 €, 11 €. 01 44 78 12 33.