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Arles : à la fondation Van Gogh, le goût de l’humour et de l’illusion d'Urs Fischer


La Fondation Van Gogh à Arles accueille l'artiste suisse Urs Fischer pour une série de pièces jouant avec le regard

Urs Fischer aime les paradoxes, la franchise du geste primal et l’art de l’illusion, la simplicité de la manière brute et les hautes technologies. Star internationale du marché de l’art, l’artiste suisse est accueilli à la fondation Van Gogh à Arles qui, pour la première fois, donne carte blanche à un plasticien pour occuper tout le musée. Et Urs Fischer ne se gêne pas !

Dès l'extérieur, il installe une cène spectaculaire et qui attire immédiatement un regard interrogatif. Urs Fischer travaille la terre, puis scanne sa sculpture avant de la couler en bronze. Le résultat est d’une incroyable fraîcheur, comme si la statue venait d’être modelée à la minute. Ensuite se distinguent d’autres détails, le Christ ressemble à la statue de la liberté et partage avec ses apôtres, ou plutôt ses potes, des bières, des hot-dogs et des clopes... Urs Fischer ne se moque pas tant de la religion que d’un monde de vie consumériste mondialisé, avec un humour dévastateur.

Avec un accrochage qui n’a peur de rien, Urs Fischer montre qu’il connaît très bien l’histoire des lieux et l'histoire de l’art avec lesquelles il dialogue avec une intelligence qui autorise l’irrévérence. Dans la plus grande salle, il fait pleuvoir une ahurissante bruine de peinture. Les gouttes de bronze, dont les teintes évoluent avec une finesse d’arc-en-ciel, viennent arroser des décombres d’Olympia alanguies et couvertes de peinture. On se promène dans son installation comme si on entrait dans un tableau. Dans l’ancien bureau du directeur des lieux, il remplace le corps de la belle par une carotte. Symbole phallique ou humour surréaliste à la Magritte ?

Le jeu se poursuit avec un autoportrait où il mélange son visage à celui de Frankenstein ou avec des gros plans de parties du corps traitées à nouveau avec un jeu technologique qui vient troubler le regard. Un oreille, comme celle que Van Gogh s’est taillée, ou des yeux semblent entourés d'épaisses couches de peintures. En s'approchant, il s'agit de photos... La sérigraphie en passages multiples donne à l’image en deux dimensions une profondeur et un volume digne d’un tableau du peintre hollandais.

Urs Fischer, artiste autodidacte et affranchi, connaît bien l'oeuvre de Van Gogh. Dans son travail, le sens de la touche et la langage pictural sont omniprésents, tout comme cette volonté de rompre avec toute forme d'académisme, de bon goût bourgeois. Au fil de l'exposition, les liens se tissent avec subtilité, à travers les siècles et malgré une distance entre les esthétiques. Quelques motifs reviennent, le crâne qu'Urs Fischer fait flotter au dessus d'une fontaine ou la chaise que l'artiste fait tenir dans un équilibre précaire ou sur le dossier de laquelle il pose les mains de l'absent...

Quand grésille un morceau de bacon dans un four à micro-ondes pour évoquer les petits déjeuners d’enfance dans un pièce au papier peint très pop génération, le doute n’est plus permis. Urs Fischer n’est pas seulement un illusionniste, il sait mener le visiteur par le bout du nez...

Jusqu'au 29 janvier 2017. Mardi au dimanche, 11 h à 18 h. Fondation Van Gogh, 33 ter rue du Docteur-Fanton, Arles. 9 €, 7 €. 04 90 93 08 08

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