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Saint-Etienne : l'avenir des ruines par Anne et Patrick Poirier


Entre art et archéologie, les plasticiens Anne et Patrick Poirier présentent leurs ruines contemporaines au musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne.

A quoi ressembleront les ruines du monde contemporain ? Loin de l'esthétique charmante et romantique du Piranèse, Anne et Patrick Poirier proposent une vision plus sombre, visible en ce moment au musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne.

En quatre étapes, les artistes livrent un voyage à travers le temps. Passionnés d'archéologie, les plasticiens travaillent autour de la disparition du monde et des traces laissées par la présence humaine. Premier choc avec la Salle des ruines du futur. Les installations spectaculaires du couple présentent des villes gangrénées par la pollution, le développement absurde. Avec Exotica, voici une gigantesque ville noire, sans aucune logique, ni humanité. Les quartiers industriels, les bidonvilles, les infrastructures sont calcinés. Exotica ? Pas si exotique. A Saint-Etienne, ancien coeur battant du paradis industriel et carboné, il suffit de sortir du musée pour découvrir pas très loin les vestiges des promesses de cette société.

L'installation 2235 après J.-C. est encore plus troublante. Les mousses, les poussières ont commencé à ensevelir la ville, comme dans les zones désertes autour de Tchernobyl ou dans les immeubles à l'abandon qu'arpentent les photographes urbex. "Un monde qui se fait sauter lui-même ne permet plus qu'on lui fasse un portrait", indique un néon, reprenant les mots de l'écrivain autrichien Hermann Broch. Sous une bulle, Danger zone, qui donne son titre à l'exposition, laisse encore subsister quelques effets personnels, des traces d'humanité. Mais cet espace qui a survécu est sous cloche...

Ce travail sur la mémoire n'est pas seulement sombre et pessimiste. Dans la Salle des regards intérieurs, le visiteur est invité à pénétrer dans La Fabrique de la mémoire, un octogone de miroirs, pour un moment poétique autour de la perception de l'espace et des expériences sensibles. Autour, les pièces Archives et Le Journal de Los Angeles montrent l'importance d'une mémoire personnelle des êtres et des choses, mais aussi collective avec la peinture Archéologie du futur, Mésopotamie où dans la blancheur, se révèlent en relief les traces de l'existence fugace et des grandes civilisations.

Car Anne et Patrick Poirier, malgré l'aspect spectaculaire de leurs installations, ne font pas dans l'affirmation définitive et péremptoire. Sans cesse, ils invitent le spectateur à se plonger dans son histoire pour revisiter les centres importants de la culture à laquelle il prend part. La Salle de l'incertitude et de l'oubli pose ces questions, s'empare des éléments symboliques de l'histoire ou de la spiritualité. Sur un sol couvert de verre brisé, s'éclaire un crucifix reliquaire dont l'ombre portée semble incandescente Au fond de la salle, une échelle lumineuse s'élance vers le ciel et les abimes du temps.

Vanitas vanitatum, omnia vanitas... Vanité des vanités, tout est vanité... Que restera-t-il de tout cela ? Du monde d'hier, du monde d'aujourd'hui, du monde de demain, des regards, des émotions, des réflexions sur ces mondes. La Salle des mémoires englouties, qui conclut la présentation, est peut-être un premier élément de réponse. Avec Domus Aurea, Anne et Patrick Poirier présentent un ensemble de ruines archéologiques, sombres dans un éclairage nocturne. Les éléments émergent d'un ensemble marécageux. Curieusement, tout est en voie de disparition, mais étonnamment serein...

Photos Charlotte Piérot © Saint-Etienne Métropole. Jusqu'au 29 janvier 2017. Mercredi au lundi, 10 h à 18 h. Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne métropole, rue Fernand-Léger, Saint-Priest-en-Jarez. 5,50 €, 4,50 €. 04 77 79 52 52.

 

La Colonne brisée

Dans la région, Anne et Patrick Poirier sont des inconnus célèbres. Depuis les années 80, l'une de leurs oeuvres, La Colonne brisée est présentée sur l'aire d'autoroute des Suchères, sur l'A89, non loin de Thiers. Longue de 40 mètres, la colonne partiellement effondrée joue sur le paradoxe. Elle est écroulée, mais solide, alignant des anneaux intacts malgré le cataclysme.

Les artistes ont également installé des colonnes dans différents matériaux dans le quartier du Ponant à Paris, à Prato en Italie ou à Toronto au Canada.

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