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Nîmes : la mort, du deuil à la mémoire à NegPos


Le cycle "La famille, la photographie et la mort" de la galerie NegPos à Nîmes débute avec les propositions de Christian Gattinoni et Jâafar Akil.

L’empreinte, la trace laissées par la photographie sont intimement liées à la notion de deuil et de mémoire. « Avec la photographie, nous entrons dans la mort plate », écrivait Roland Barthes, dans La Chambre claire, livre autour de la photographie, dont le projet est justement né après la disparition de sa mère, “mam”.

La galerie NegPos à Nîmes propose tout l’hiver un cycle d’expositions autour du deuil, de la famille, de la photographie et de la mort qui vient de débuter avec Christian Gattinoni, invité d’honneur. Avec “Deuxième génération, la mémoire contre les fascismes”, l’artiste rend hommage à son père, déporté politique qui a passé 26 mois dans le camp de Mauthausen. « Il surveillait la Gestapo rue Lauriston, il a été arrêté par les Français. Il est parti avec les convois nuit et brouillard », explique Christian Gattinoni qui a débuté ce travail au long cours en 1987, par différentes séries qui viennent dialoguer les unes avec les autres, s'additionnant pour proposer un nouveau regard, une nouvelle réflexion.

L’histoire débute par une images de train à Arles. « J’étais gêné par le bruit, j’ai photographié sans viser et on voit comme un masque de la mort dans une roue ». Christian Gattinoni s’empare ensuite d’un album Disderi de son père, ces anciens albums servant à compiler les photo-cartes. Après son retour du camp, il avait collé des photos à l’intérieur puis tout déchiré dans les années 60. Christian Gattinoni le récupère et réactive cet objet évoquant physiquement la ruine. Il y colle des photos d’enfants, des images de son père... Pour l’artiste, « cette mémoire s’efface, elle est en danger ».

Avec la série "XXe siècle pour ses victimes inconnues", il agrandit des images, des portraits de ses proches, des photos de déportés témoignant dans des documentaires... Sans les trucages numériques contemporains, les présences deviennent fantomatiques. Par ce mélange d’intime et d’Histoire, il montre l’universalité de son projet, il partage « la mémoire de toutes les victimes ».

Pour ses "Plan-Films", il colle sur des boîtes magnétiques de vieilles émissions de radio des photos évoquant l’histoire de la déportation et des images des films pornos cryptés. « Deux états du corps dans une époque où se diffusaient les idées négationnistes », explique l’artiste qui termine avec crudité par la série "Viandes", photos étrangement violentes et carcérales d’un méchoui où tout prend un autre sens.

Jâafar Akil travaille aussi autour de la mémoire de sa famille. Dans son projet "Réminiscence", le photographe d'origine marocaine évoque la disparition d’un frère, mort enfant dans les années 60. « En fouillant dans les albums de famille, j’ai découvert trois photos ». A partir de ce moment tragique, Jaâfar Akil revisite lui-aussi l’album de photo de famille, il évoque la trace qui demeure tout en devenant lointaine, qui ne s’efface pas mais devient floue. « Il est mort en 1965, j’ai été conçu 40 jours après sa mort. Je porte en moi une partie de son deuil », explique le photographe, qui a grandi avec cette ombre de tristesse.

Dans toutes les images, ce visage apparaît derrière un filtre, un rideau, un papier transparent... « C’est inconscient. C’est le distance qui me sépare du défunt, de son histoire. Cela représente l’impossibilité de le toucher ». Ailleurs le visage apparaît sur une plage, dans le sable que la mer s’apprête à recouvrir. Pour Jaâfar Akil, dont la recherche tourne beaucoup autour du rapport au temps, ce projet à la fois une manière d’autobiographie et une façon de faire revivre ce frère Mahfoud, qui reste définitivement intouchable, irréel.

Jusqu’au 31 janvier, sur rendez-vous. Galerie NegPos, 1 cours Nemausus, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 23 96.

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