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Sur la piste de Jack London, écrivain, militant et aventurier

Un beau-livre de Michel Viotte sur les vies de l'écrivain Jack London à La Martinière.

La célébrité de Croc Blanc et de L’appel de la forêt a faussé l’image de Jack London pour sa postérité européenne, souvent réduit à un auteur de livres d'aventure pour la jeunesse. L'image est loin, très loin de la réalité...

Mort en 1916, l’écrivain vient d’entrer dans la prestigieuse bibliothèque de la Pléiade chez Gallimard. Et le réalisateur Michel Viotte lui consacre un documentaire et un beau-livre passionnant aux éditions de La Martinière (avec la collaboration de Noël Mauberret). L’occasion de redécouvrir les vies multiples de celui qui fut l’écrivain américain le plus célèbre de son temps, mais aussi un témoin précieux et engagé de son époque. Né en 1876, alors que la conquête de l'ouest se termine, il va vivre toutes les secousses de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle qui marquent l'explosion économique de l'Amérique, son expansion mondiale. Il s'éteint juste avant l'entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale et le début de la prohibition

© Courtesy of Jack London Papers, The Huntington Library, San Marino, California

Gamin obligé de travailler à 10 ans, voleur d’huîtres dans la baie de San Francisco, chercheur d’or en Alaska, trimardeur, marcheur avec les chômeurs victimes des soubresauts de l'essor industriel américain, militant socialiste parmi les ouvriers, navigateur et explorateur des îles du Pacifique sud, correspondant de guerre en Corée et en Mandchourie lors du conflit entre le Japon et la Russie, reporter durant la révolution mexicaine, fermier dans la vallée de Sonoma, pionnier du cinéma avant la naissance d'Hollywood, Jack London est un aventurier dont la courte vie est débordante de livres, de voyages, de combats de boxe, d'alcool, de tabac...

© Courtesy of Jack London Papers, The Huntington Library, San Marino, California

« J’aimerais mieux être un météore superbe, et que chacun de mes atomes brille d’un magnifique éclat, plutôt qu’une planète endormie. La fonction propre de l’homme est de vivre, non d’exister. Je ne perdrais pas mes jours à essayer de prolonger ma vie », écrivait-il. Il mourra d’ailleurs à quarante ans, malade, usé, après avoir brûlé la chandelle par les deux bouts. Quelques années avant de mourir, dans John Barleycorn, il évoque avec franchise sa dépendance à l'alcool : « C'est une coutume mentale à laquelle j'ai été entraîné pendant toute ma vie et qui a fini par s'incorporer à ma substance. J'aime le pétillement des bons mots, des rires énormes, le retentissement des voix d'hommes qui, le verre à la main, ont fermé la porte sur la grisaille du monde et se brutalisent la cervelle, histoire d'accélérer leur pouls, leur bonne humeur, leur folie ». Voila qui annonce déjà de nombreux auteurs américains, d'Ernest Hemingway à Norman Mailer...

Mais avant tout, Jack London est un artiste. Chaque étape de ce parcours hors norme donne lieu à des nouvelles, des romans, des articles de presse écrits avec un style où la nature, l'humanité et les révoltes se marient dans une littérature des grands espaces. Et, c’est moins connu, à d’innombrables photographies qui viennent abondamment illustrer le livre de Michel Viotte. Avec Charmian, sa seconde épouse, il immortalise le tremblement de terre à San Francisco en 1906, les croisières sur le Snark, les paysages polynésiens, les rencontres avec les habitants des îles mélanésiennes et donne à voir un monde pour lequel il s'est passionné et qu'il a arpenté avec une soif de vivre ardente.

"Les Vies de Jack London", de Michel Viotte et Noël Mauberret. Editions de La Martinière. 35 €.

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