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Montpellier : le tohu-bohu gothique de Jonathan Meese au Carré Sainte-Anne


Une exposition absolument géniale, une impressionnante oeuvre d'art totale du plasticien allemand Jonathan Meese au Carré Sainte-Anne à Montpellier.

Difficile d'évoquer l'indescriptible capharnaüm de Jonathan Meese au Carré Sainte-Anne à Montpellier sans tomber dans les superlatifs, tant son exposition démente est saisissante. L'artiste allemand a déménagé des camions de matériel de son atelier berlinois pour envahir l'ancienne église avec une oeuvre d'art totale intitulée "Dr Merlin de Large (Marquis de Zed de Baby-Excalibur)". Faisant allusion à la fois au Stanley Kubrick d'Orange Mécanique, aux obsessions du marquis de Sade et à l'imaginaire médiéval de l'Excalibur de John Boorman, Jonathan Meese crée une installation immersive et sensorielle, gothique et punk, délirante et jouissive.

Les amateurs d'art du Sud de la France se souviennent peut-être de ses toiles expressionnistes présentées à Carré d'art à Nîmes en 2005 dans le cadre de "La nouvelle peinture allemande", quelques mois après l'exposition "Dionysiac" à Beaubourg qui avait également contribué à révéler au public français Thomas Hirschhorn. A l'époque, Jonathan Meese était présenté comme l'enfant terrible de la peinture allemande. Né en 1970, il s'est aujourd'hui affirmé comme l'une des stars de cette scène artistique où la peinture a toujours conservé un certain prestige. Mais il n'a rien perdu de sa fougue juvénile.

A Sainte-Anne, l'accrochage, particulièrement spectaculaire, construit un labyrinthe à l'intérieur de la vaste nef, créant des alcôves comme autant de chapelles d'une cathédrale à la gloire de la Diktatur das Kunst, la dictature de l'art. Pêle-mêle, il juxtapose ses toiles furieuses, des portraits d'identité, des photos de Scarlett Johansson, des allusions à la violence du monde et à la société de consommation dévorante, des vidéos de ses performances personnelles et de l'accrochage de l'exposition. Un casque à pointe par-ci, un clin d'oeil au maudit Heidegger par-là, une tête de Bouddha couverte de peinture, un Dark Vador triomphant... Dans cette accumulation de mots, d'images, de slogans, de citations et de symboles, dans les reflets et les double-sens, dans les mises en abyme permanentes, dans les hallucinations dadaïstes, les pistes sont aussi nombreuses que sinueuses pour composer un vaste opéra plastique, foutraque et wagnérien.

"Le fantôme en son château". C'est le titre que donne Numa Hambursin, commissaire de l'exposition qui quittera prochainement la direction artistique du Carré Sainte-Année après une série de propositions exaltantes, au texte du catalogue qui accompagne l'événement. Voici donc un château hanté, peuplé non du fantôme de l'artiste, débordant de vie et de créativité, mais des âmes égarées de son univers, des caricatures carnavalesques d'une époque débauchée. On s'y promène avec la sensation première d'en être le prisonnier, puis le regard se perd dans les détails de ce décor qui, loin d'être inquiétant, livre peu à peu ses secrets, se révèle une formidable usine à rêves. Et à cauchemars...

Jusqu'au 30 avril 2017. Du mardi au dimanche, 10 h à 13 h et 14 h à 18 h. Visites guidées hebdomadaires le jeudi à 16 h, le dimanche à 11 h, 14 h 30 et 16 h. Carré Sainte-Anne, 2, rue Philippy, Montpellier. Entrée libre. 04 67 60 82 11.

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