top of page

Aix-en-Provence : le mythe Marilyn à l'hôtel de Caumont


A Aix-en-Provence, une exposition sur les relations entre l'actrice Marilyn Monroe et les photographes

Marilyn Monroe, Amagansett, New-York, 1957. Photo by Sam Shaw © Sam Shaw Inc. courtesy Shaw Family Archives, Ltd.

Faut-il aller voir l'exposition Marilyn I wanna be loved by you ? On peut s'attendre à une exposition purement commerciale autour d'une icône du cinéma. Il n'en est rien. Bien sûr, l'hôtel de Caumont d'Aix-en-Provence n'est pas la cinémathèque, mais le propos de l'exposition ne manque pas d'intérêt. Et puis, il ne faut pas bouder son plaisir : Marilyn était sublime, les photos - prises par les plus grands - en témoignent aujourd'hui avec une fraîcheur intacte. Ce n'est pas pour rien que le mythe Marilyn a largement dépassé le cinéma pour pénétrer le champ de l'art, d'Andy Warhol brièvement évoqué en toute fin d'exposition à Joana Vasconcelos, en passant par Vik Muniz, Zoe Leonard ou Philippe Parreno.

Car Marilyn n'est pas une star parmi d'autres, c'est LA star du cinéma américain du XXe siècle. Et l'exposition revient sur ce parcours en forme de d'étoile filante, scintillante et interrompue, à travers la relation riche et passionnante entretenue par l'actrice avec les photographes.

Toute sa carrière, Marilyn Monroe a vécu entourée du crépitement des flashes et du cliquetis des obturateurs. Mais elle a su aussi remarquablement utiliser cette visibilité permanente pour construire un personnage. L'actrice n'est pas un gentil lapin blanc ébloui par les phares d'une limousine. Perfectionniste et instinctive, elle a tenté, autant que possible, de maîtriser son image, choisissant ses photographes, participant aux mises en scène, sélectionnant les clichés à publier, essayant d'échapper aux codes des studios hollywoodiens...

Dans les premières photos, voici une jolie pin-up, une gentille rouquine mais qui ne se distingue pas particulièrement de ses contemporaines. Seul son ami Andre de Dienes parvient à toucher le charme insolent de Marilyn, à capter sa pétillante photogénie notamment dans une fameuse série avec un parapluie sur une plage. C'est une époque de vache maigre pour Marilyn, obligée de poser nue pour un calendrier. L'objet du scandale se découvre dans une alcôve secrète, il fait désormais partie de la légende.

Car tout ce qui entoure Marilyn est devenue légendaire, grâce au cinéma, mais aussi grâce à la photo qui va mettre en valeur son sex appeal, son glamour, sa légèreté, mais aussi sa fragilité, sa mélancolie. L'exposition ne se contente pas d'aligner les clichés, au contraire, on verrait bien quelques tirages supplémentaires, notamment des vintage. Elle montre la construction patiente et réfléchie d'une icône, d'un mythe.

Classic color photo of Marilyn Monroe in a white dress and tulle taken by Milton H Greene in his New York studio in october, 1954. Photographed by Milton H. Greene © 2016 Joshua Green

Marilyn Monroe sollicite les photographes. Et ça tombe plutôt bien, les photographes adorent Marilyn Monroe... Une relation particulière se noue notamment avec Milton Greene. Ensemble, ils créent une société de production. En quelques années, il enchaîne une cinquantaine de shootings où elle apparaît sexy et libérée. Son portrait au tutu, qui sert d'affiche à l'exposition, est sublime. Elle pose aussi avec délice pour Philippe Halsman, Cecil Beaton, Sam Shaw, Ed Feingersh, George Barris ou Richard Avedon… Eve Arnold la suit sur les tournages, notamment des Désaxés. Dans ce kaléidoscope, dans les petites histoires qui accompagnent chaque cliché, se révèle le portrait d'une actrice à la fois indomptable et vulnérable.

Marilyn Monroe, “The Last Sitting”- Marilyn Monroe; Biting Red Scarf. © Estate of Bert Stern / Staley-Wise Gallery / Galerie Dina Vierny

Le parcours se termine avec les dernières photos de Marilyn Monroe par Bert Stern, une cinquantaine de clichés réalisés un mois avant la mort de la star qui avaient déjà été exposés au musée Maillol à Paris il y a une dizaine d'années, plus récemment à Banuyls-sur-Mer. Le déroulé des séances est incroyable. Bert Stern réalise une première série pour le magazine Vogue qui les refuse, pensant sans doute que ces images où Marilyn pose nue, petite cicatrice au côté, sans fard, dans un éclairage intimiste, sont trop osées. Aujourd'hui, ce refus est toujours aussi étonnant. Les photos barrées d'une croix par l'actrice elle-même appartiennent à l'histoire... Mais Vogue propose heureusement au photographe de recommencer avec une Marilyn habillée et maquillée, pour une série belle, mais plus classique, plus conforme aux standards des photos de mode et qui sera publié aux lendemains de la mort de l'actrice. Mais les deux restent sur leur faim... Ils veulent retrouver la magie de la première séance. Marilyn entraîne alors Bert Stern dans une chambre d'hôtel. Elle s'enferme avec le photographe et une bouteille et s'abandonne, se livre entièrement pour un moment au trouble incandescent.

Jusqu'au 1er mai. Hôtel de Caumont, 3 rue Joseph-Cabassol, Aix-en-Provence. 13 €, 10 €. 04 42 20 70 01.

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page