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Sète : la traversée poétique de Johan Creten au Crac


Une exposition majeure du sculpteur belge Johan Creten au Crac à Sète

Il est des oeuvres difficiles à évoquer par les mots, tant leur impact relève avant tout de l'expérience sensible. Les décrire, c'est les réduire. Tenter de les interpréter, c'est risquer d'en limiter la portée. L'artiste belge Johan Creten appartient à cette catégorie. "La Traversée", l'exposition qu'il présente au Crac à Sète est sublime, au premier sens du terme. Il transforme le solide en aérien, la matière brute en émotion pure. On a juste envie de dire : regardez ! Mais regardez vraiment, pas seulement avec vos yeux, mais avec tout votre corps, avec tout votre esprit, le conscient comme l'inconscient.

L'art de Johan Creten relève avant tout de l'hybridation, du merveilleux, du fantasmagorique, du syncrétisme entre les cultures. Le désir, l'humour, l'énergie vitale venue des éléments sont aussi bien présents. Sculpteur et céramiste, il donne vie à des créatures à la fois végétales et animales, il travaille les mystères de la nature. Le parcours est à la fois un jardin et un bestiaire, d'un raffinement extrême. Dans la manière dont il manie les émaux et maîtrise les cuissons, Johan Creten est un alchimiste. "La céramique est un terrain fertile et fébrile. Un terrain de plaisir où l'on joue avec les interdits", explique l'artiste qui a participé à la réintroduction de ce médium dans l'univers de l'art contemporain. Il est d'ailleurs représenté par Emmanuel Perrotin et exposé partout dans le monde.

Dès l'entrée, une étrange oiseau hippocampe accueille le visiteur. Autour quelques bittes d'amarrage sur lesquelles les visiteurs sont invités à s'asseoir pour prendre le temps, rencontrer chaque sculpture, en percer les mystères. Chaque fois différentes, elles sont ensuite dispersées à travers les salles, comme des points de suspension entre les phrases, des étapes méditatives, des silences entre les notes.

Pour chaque pièce, plusieurs niveaux de lectures sont possibles. Et plus les sens se superposent, moins on a envie de savoir lequel est le bon - s'il y en a un. Un corps de femme, évoquant les poses des statues grecques, est couvert de fleurs, qui sont aussi des coquillages tranchants aux formes sensuelles. Avec La Communauté, des ruches en paille coulées en bronze se transforment en haumes africains ou en femmes voilées. Dans les peaux accrochées aux murs, se dessinent d'étranges rictus, des animaux inquiétants...

Les allusions à l'histoire de l'art sont nombreuses, de Brancusi aux tapisseries flamandes qu'il collectionne et où apparaissent des oiseaux rêvés, fruits des récits des explorateurs. En fonction de sa sensibilité, on peut penser aussi aux surréalistes, à Max Ernst, à Pablo Picasso, aux contes et aux légendes, à la mythologie, aux arts premiers, aux suaires des tableaux religieux, aux vanités classiques... Qui est ce grand oiseau noir aux ailes déployées ? La victime d'un pétrolier ou un inquiétant prédateur ? Et cette épine dorsale ? Et ces coraux dorés ? Peut-être tout simplement des invitations à rêver...

Jusqu'au 17 avril. Tous les jours, de 12 h 30 à 19 h. Samedi, dimanche, de 14 h à 19 h. Fermé le mardi. Crac Occitanie, 26 quai Aspirant Herber, Sète. Entrée libre. 04 67 74 94 37.

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