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Montpellier : archives d'une mythologie américaine au Pavillon populaire


Avec "Notes sur l'asphalte, une Amérique mobile et précaire, 1950-1990", le Pavillon populaire expose des photos prises par des chercheurs et propose un autre regard sur l'Amérique.

On the road... Les images de l'Amérique relèvent de la mythologie du XXe siècle. Ses paysages naturels comme urbains ont peuplé l'imaginaire des artistes. Avec "Notes sur l'asphalte, une Amérique mobile et précaire" à voir jusqu'au 16 avril 2017, ce sont les archives de cette mythologie qu'expose le Pavillon populaire de Montpellier, avec son côté déglingué et cabossé. Et il y a quelque chose de troublant à retrouver dans ces tirages des souvenirs qui relèvent du cinéma, de la littérature, du rock ou de la folk. Même si ce n'est absolument pas le propos, ni la volonté des auteurs, ce road-trip montre les univers qui se retrouvent dans les films de David Lynch, les livres de Jack Kerouak ou les chansons de Bob Dylan.

Les expositions de photos vernaculaires sont devenues indispensables dans un cycle thématique, avec leur promesses de découvertes et de regard décalé. Elle sont à la mode, comme le montre la programmation des futures Rencontres d'Arles qui n'échappera pas au mouvement avec des photos de Colombie. Cette année, le Pavillon populaire présente un programmation consacrée à l'Amérique et c'est logiquement par des photos qui ne relèvent ni de l'art, ni du journalisme que débute le cycle, des images qui ont échappé à l'histoire de la photographie et montre le rêve américain débarrassé de ses paillettes.

Les six photographes exposés, John Brinckerhoff Jackson, David Lowenthal, Donald Appleyard, Allan Jacobs, Chester Liebs et Richard Longstreth sont des chercheurs. Ils viennent des mondes de la géographie, de l'urbanisme ou de l'architecture et ils ont sillonné l'Amérique des années 50 à 90 pour les besoins de leurs enquêtes. Ils ont collecté des portions du réel la plupart du temps en diapositives couleurs, archivé des images destinées à nourrir leurs travaux universitaires. Ce sont des notes personnelles, dont le savoir faire n'a rien de professionnel, et c'est ce qui en fait à la fois la valeur et la vérité.

Dans leur objectif, qui a rarement aussi bien porté son nom, aucune subjectivité donc, mais des photos prises le long des routes, sans cadrages savants, sans souci de la "jolie" composition. Des usines, des centres commerciaux, des maisons en bois qui semblent toujours sur le point d'être abandonnées, des panneaux publicitaires et des routes, des grandes routes, de larges avenues, des autoroutes, des échangeurs, des stations services, des ensembles souvent dépeuplés. Les espaces sont faits pour le mouvement, pour la traversée, pour les cheminements. L'Amérique, c'est la civilisation de la bagnole et son histoire est structurée par les routes depuis le chemin de fer vers l'ouest jusqu'à l'asphalte contemporain, par des départs et les arrivées qui donnent naissance à des habitats précaires devenus omniprésents dans les paysages américains. On retrouve cela dans les photos des artistes qui se sont intéressés à l'Amérique, notamment chez Walker Evans, évoqué en toute fin de parcours, et qui partage avec ces chercheurs un intérêt pour la photo modeste.

Jusqu'au 16 avril 2017. Mardi au dimanche, 10 h à 13 h et 14 h à 18 h. Pavillon populaire, esplanade Charles-de-Gaulle, Montpellier. Entrée libre. 04 67 66 13 46.

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