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Les lignes pures de Tadao Ando au château La Coste


Un beau livre sur le travail de l'architecte Tadao Ando au Château La Coste, près d'Aix-en-Provence, paraît chez Actes sud.

En partant vers le soleil de la Provence, Van Gogh rêvait de Japon. Quand on voit le travail de l'architecte japonais pour le Château La Coste, près d'Aix-en-Provence, on se dit que le Japonais a compris mieux que quiconque le paysage provençal. Le livre que fait paraître les éditions Actes sud, entièrement consacré au travail au long cours de l'architecte d'Osaka pour le domaine viticole, montre comment à travers chacune de ses contributions, il a fondu son travail dans l'environnement pour un travail tout en légèreté et en transparence, en lumière et en pureté. Au-delà, des bâtiments imaginés pour le domaine, Tadao Ando a pensé l'aménagement global des lieux, avec un regard affûté et une élégance distinguée.

Depuis une vingtaine d'années, Patrick McKillen, homme d'affaire d'origine irlandanse, a transformé ce domaine viticole en musée à ciel ouvert, dispersant les oeuvres d'art dans la garrigue, faisant appel aux plus grands architectes pour aménager les lieux. Mais le travail de Tadao Ando, Pritzker Price 1995, tient une place particulière.

Quand l'architecte japonais a commencé à travaillé pour le château La Coste, Jean Nouvel avait déjà commencé la construction d'un chais en forme de barrique, couvert de 10 000 mètres carrés d'aluminium. Ce n'était que le début d'une aventure artistique pour laquelle Tadao Ando a été constamment à la manoeuvre, à la fois penseur et bâtisseur. Le livre d'Actes Sud permet de comprendre sa découverte des lieux, puis son travail in situ. Tadao Ando va concevoir le plan d'ensemble du domaine, répartissant les oeuvres des plasticiens et des architectes pour créer une constellation de beauté à travers les vignes et la pinède, toujours soucieux du paysage, de sa typicité, de son identité, de son exigence.

Dans la préface puis dans les textes très documentés de Philip Jodidio, Tadao Ando, avec des mots aussi fins que les lignes de ses bâtiments, présente son travail dans le détail. « Le contexte d'Aix-en-Provence était important pour moi à double titre, c'est d'abord la ville où était né Cézanne, le grand artiste salué par Picasso comme le père de la peinture moderne. Ensuite, elle se situait dans une région qui abritait les abbayes du Thoronet et de Senanque, deux témoignages de l'architecture monastique de l'Europe de l'ouest de style roman qui m'avait grandement influencé ». Tadao Ando rappelle sa découverte ancienne du patrimoine de la région : « J'ai visité les monastères romans du sud de la France juste après avoir vu l'Unité d'habitation à Marseille au cours de mon premier voyage en Europe. J'avais une vingtaine d'années. Quand j'ai vu cette beauté d'un raffinement extrême et la rigueur de ces puissantes constructions de pierre et de lumière, bâties sous un soleil ardent, j'ai ressenti un choc. J'ai cru avoir découvert en elles l'archétype de mes propres espaces ». Tadao Ando va remplacer la pierre par le béton, en conservant la même philosophie. Il rappelle que Le Corbusier avait d'ailleurs été lui-même transformé par « ces jeux d'ombre et de lumière » des architectures cisterciennes et qu'à leur contact, il s'était « affranchi des pures géométries pour laisser son esprit s'envoler dans un univers plus riche et diversifié », s'éloignant des premières « boîtes blanches ». En quelques mots, il semble résumer sa recherche : « Je crois possible de réaliser (...) des espaces qui démentent leur simplicité en évitant la monotonie. Je pense que l'architecture devient intéressante quand son caractère est double, c'est-à-dire quand elle est aussi simple que possible et en même temps aussi complexe que possible ».

Richement illustré de plans dessinés par Tadao Ando, de photos du chantier, d'images des réalisations, le livre permet de découvrir un à un chacun des espaces créés par l'architecte, l'entrée, le bâtiment d'accueil à la forme triangulaire, ses Quatre cubes pour réfléchir à notre environnement, temple écolo initialement conçu pour une exposition au Kennedy Center de Washington en 2008, le travail autour des ruines de la chapelle Saint-Gilles, enveloppées dans un cocon de verre et d'acier et enfin les bancs origamis, pliés dans des feuilles d'acier et dispersées à travers le domaine.

Tadao Ando, Château La Coste. Actes Sud. 45 €.

Photographies Andrew Pattman, 2016, issues du livre.

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