top of page

Arles : Annie Leibovitz, photo et rock'n'roll à la fondation Luma


La fondation Luma Arles expose Annie Leibovitz, premier projet de son programme Archives vivantes.

Enorme ! Les commissaires de l’exposition ne savent pas exactement combien de photos sont présentées dans la Grande halle du parc des ateliers d'Arles. Entre 2 000 et 3 000... L'exposition Annie Leibovitz présentée à la fondation Luma est étourdissante. Elle fait revivre avec ferveur la folie et la liberté rock’n’roll des années 70.

Premier projet du programme “Archives vivantes” qui permet à la fondation d’accueillir le fonds d’atelier d’un artiste encore à l’œuvre, l’exposition “The early years, 1970-1983” se concentre sur les jeunes années d’Annie Leibovitz qui coïncident avec sa collaboration au magazine Rolling Stone et avec une nouvelle façon d’envisager le journalisme et la vie.

Annie Leibovitz débute très jeune dans la photo, après des études de peinture à San Francisco puis un rapide formation en photo où elle admire déjà Robert Frank et Henri Cartier-Bresson, « mon héros », dit-elle. De passage à Paris, elle photographie le Pont Neuf en panoramique, enthousiaste à l'idée de mettre ses pas dans celui de son aîné. Les choses vont s’enchaîner comme dans un tourbillon...

Accrochées à touche-touche, à la façon des planches contact, les photos présentées de façon chronologique, montrent le début de carrière trépidant de la jeune photographe, le triomphe d’un style décalé de gonzo journalism où le regard se fait très personnel, attentif à ce qui reste d'habitude hors champs, où les photographes partagent la vie de leurs sujets. « On brisait les standards », se souvient Annie Leibovitz. Elle accompagne toutes les rock stars de l’époque. Patti Smith, Alice Cooper, Mick Jagger... Elle montre les coulisses ou les concerts dans des cadrages toujours sur le vif, privilégiant l’instant avec une acuité du regard étourdissante. Elle ne photographie pas que des musiciens sur scène, mais donne à entendre les riffs de leurs guitares électriques...

Moondog, Allen Ginsberg, Jane Fonda, Salvador Dali, Truman Capote, Andy Warhol, Helmut Newton, Louis Armstrong, Nina Simone, Jack Nicholson, Dennis Hopper, Joe Dalessandro... Culture et contre-culture... Impossible d’énumérer la liste des artistes photographiés par Annie Leibovitz, qui suit aussi l’actualité politique et sociale, l'émergence du mouvement hippie, les manifestations contre la guerre au Viet Nam, l’affaire du Watergate et la démission de Richard Nixon dont elle immortalise le départ de la Maison Blanche avec une photo incroyable où les employés du protocole enroulent le tapis rouge alors que l’hélicoptère du président décolle, la campagne victorieuse de Jimmy Carter, la guerre au Liban... « C’était un époque étrange, les USA naviguait sans radar. On savait pas où on allait, tout le monde cherchait une direction », se souvient la photographe. Le magazine Rolling Stone, ouvert aux idées libertaires, appartient à cette histoire et participe à cette ambiance. Une photo illustre à merveille cette incertitude, ce flottement : couvrant le décollage d’Apollo 17 à Cap Canaveral avec Tom Wolfe, elle est soufflée et ne photographie que le sillage de la fusée dans le ciel.

Les images intimes viennent se mélanger aux clichés pour Rolling Stone. « Je n’ai jamais laissé mon appareil. Ma famille était aussi un bon sujet photographique », explique Annie Leibovitz qui montre sa grand-mère vieillissante attachée à sa chaise ou les gâteaux d’anniversaire que sa mère lui envoie par la Poste.

Deux artistes tiennent une place tout à fait particulière dans cette décennie soixante-dix comme dans la carrière d’Annie Leibovitz. Au cœur de l’exposition, un mur entier est couvert des photos de la tournée des Rolling Stones en 1975. Elle suit le groupe lors de leurs 27 concerts, même si, à l’époque, elle préfère la musique folk et Bob Dylan. S'inspirant du travail de Robert Frank, elle se jette à corps perdu dans le projet. Le résultat est un tour de force, palpitant de vie, de sueur et de rock'n roll. Mick Jagger et Keith Richards sont photographiés aussi bien sur scène qu'affalés dans les loges ou lors des transports d'une ville à l'autre.

Autre rencontre déterminante. En décembre 1970, elle accompagne son rédacteur en chef à New York pour interviewer John Lennon après la séparation des Beatles. Mais c'est une autre image qui entrera dans l'histoire. Le 8 décembre 1980, elle réalisera la photo iconique de John et Yoko, prise quelques heures seulement avant l’assassinat du musicien, lui nu, couché contre le corps de sa compagne. Et curieusement, la photo annonce aussi le travail à venir d’Annie Leibovitz, comme le montrent également les portraits de Keith Haring ou de Meryl Streep présentés dans la dernière salle de l'exposition. Après l’énergie et la jeunesse des années Rolling Stone où Annie Leibovitz prenait ses photos « à la volée », viendront la rencontre avec Richard Avedon et les portraits aux mises en scène précieuses des années Vanity Fair. Une autre histoire... Une autre expo ?

Informations pratiques :

Jusqu'au 24 septembre. Tous les jours, de 10 h à 19 h 30. Grande Halle, parc des ateliers, Arles. 7 €, 5 €.

Pour aller plus loin :

* Dans le cadre des Rencontres d'Arles, une nuit sera consacrée à Annie Leibovitz le jeudi 6 juillet.

* La fondation Luma accueille également trois projets de maisons démontables de l'architecte Jean Prouvé en prévision d'une grande exposition à l'automne.

* La page facebook d'Annie Leibovitz.

* Le site internet du magazine Rolling Stone.

* Le site internet de la fondation Luma Arles.

* This is rock'n'roll radio, une bande son de l'exposition par Les Inrockuptibles.

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page