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Rencontres d'Arles : d'hier à demain, le spectre du surréalisme


Une exploration de l'héritage de la photo surréaliste dans la création d'aujourd'hui, présentée dans le cadre des 40 ans du centre Pompidou.

Le surréalisme est-il toujours vivant ? Les dogmes et les exclusions sont terminés, mais le mouvement continue à infuser dans la création contemporaine, par des voies parfois secrètes et détournées, par des ruisseaux souterrains mais toujours en eaux. Avec "Le Spectre du surréalisme", présenté dans le cadre des 40 ans du centre Pompidou, les Rencontres de la photographie d'Arles explorent l'héritage de Man Ray ou de Dora Maar dans la photo d'aujourd'hui. Grâce à la confrontation entre pièces historiques et récentes sorties des réserves de Beaubourg, l'exposition passionnante montre aussi l'ampleur prise par le festival qui accueille désormais, dans les ateliers SNCF rénovés par Maja Hoffmann, des projets d'envergure muséale. C'est également le cas dans le même bâtiment de la présentation consacrée à l'atelier photographique de Jean Dubuffet.

Le premier fil tiré par la commissaire Karolina Ziebinska-Lewandowska tient à la place de l'objet. Le surréalisme est la première école à accorder une place à la photographie pour transformer le réel, chercher dans la production industrielle triomphante une nouvelle poésie à naître. Face aux Objets mathématiques de Man Ray ou au Gros orgeil de Jean-André Boiffard, cette flânerie autour du quotidien se poursuit avec les merveilles poétiques abandonnées au sol et glanées par Gabriel Orozco, les sculptures organiques de chewing gum d'Alina Szapocznikow, avec le travail d'indexation de Taryn Simon ou avec les masques de Patrick Tosani.

L'exposition prend ensuite la direction du rêve. En photographiant des murs écaillés, poursuivant son travail autour des graffitis et de la peau de Paris, Brassaï découvre des paysages imaginaires. Man Ray, encore lui, se lance dans les rayogrammes. Pour les surréalistes, la photographie est une technique à manipuler pour faire surgir l'onirisme. L'expérience reste au coeur du travail de certains artistes, comme Nancy Wilson-Pajic qui crée des ambiances nocturnes en détournant des techniques anciennes et rudimentaires ou Alix Cléo Roubaud qui présente en surimpression ses autoportraits au futur antérieur.

Mais la photographie prétend (prétendait en tout cas !) aussi offrir aussi une nouvelle forme d'objectivité que les surréalistes vont détourner, prenant au pied de la lettre cette impossible ambition pour travestir le réel. Man Ray photographie Marcel Duchamp le visage couvert de mousse à raser, René Magritte pose face à une chaussure flottante. Curieuses réalités que poursuivent aussi Peter Fischli et David Weiss avec Le cours des choses, vidéo géniale d'enchaînements absurdes sur un scénario mécanique où une planche fait tomber un tonneau, qui renverse une bouteille, qui remplit une casserole, et ainsi de suite pendant une demi-heure. Cindy Sherman utilise aussi la photographie pour des travestissements cauchemardesques, Nicole Metayer pose son visage contre la vitre d'une photocopieur, Otto Muehl se lance dans des performances lubriques et sacrificielles...

« Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d’esprit nous est laissée. À nous de ne pas en mésuser gravement. Réduire l’imagination à l’esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on appelle grossièrement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve, au fond de soi, de justice suprême », écrivait André Breton en 1924 dans les premières pages de son Manifeste du surréalisme. Cette liberté, cette imagination, cet appel sont toujours d'actualité !

Jusqu'au 24 septembre 2017. Tous les jours, 10 h-19 h 30. Atelier des forges, parc des ateliers, Arles.

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