Sur la piste... Les souvenirs de Marguerite Duras à Sadec
Une balade sur les traces de Marguerite Duras, dans le delta du Mekong, au Vietnam
Il est celui qui passait le Mekong ce jour-là en direction de Saigon... A Vinh Long, le bac, sur lequel la jeune Marguerite Duras apercevait pour la première fois le Chinois dans sa grande voiture, a disparu, remplacé par un grand pont que les habitants montrent avec fierté... A Cholon, le quartier chinois de Saigon, devenu Hô Chi Minh ville, les mobylettes ont envahi les rues et la moiteur érotique décrite par l'écrivain a laissé la place à l'agitation des grandes métropoles asiatiques.
Dans le delta, pour partir sur les traces de l'écrivain, il faut aller à Sadec, au coeur de l'ancienne Cochinchine, où sa mère était enseignante, où vivaient le Chinois et sa famille. Un peu à l'écart des circuits touristiques, la petite ville vit sur un rythme tranquille sur les rives du fleuve. Et la maison de Huynh Thuy Le, L'Amant mort en 1972, celle où Marguerite n'est jamais rentrée, a ouvert ses portes aux touristes. On peut même y passer la nuit. Sur place, rares sont ceux qui ont lu le livre. Et même si, on trouve facilement des copies pirates du film sur les trottoirs de Saigon, peu avouent avoir vu ce film impudique pour les moeurs vietnamiennes.
Construite à la fin du XIXe siècle, elle a gardé tout son charme précieux, entièrement restaurée après des années de délabrement. De l'extérieur, ce sont d'abord les magnifiques balustrades que l'on aperçoit. Puis, l'intérieur luxueux se dévoile, magnifiquement décoré de meubles anciens. Quelques photos évoquent le propriétaire, passé à la postérité grâce aux mots de Marguerite Duras et l'autel des anciens, comme dans toutes les maisons du pays, conserve le souvenir des anciens occupants. Les lieux ont été classés "site historique national" par les autorités vietnamiennes.
Pour les amoureux des livres de Duras, le pèlerinage se poursuit à la pagode Kien An Cung, dont la construction dans les années 20 a été financée en partie par la famille du Chinois.
Enfin le parcours s'achève par l'ancienne école de filles que dirigeait Marie Donnadieu, la mère de Marguerite Duras, dans les années 30. Les cartes géographiques de l'Empire français ont disparu au profit des slogans à la gloire du parti communiste vietnamien et même si l'école a pris le nom de Truong Tieu Hoc Trung Vuong dans les années 70, on continue à y enseigner le français.
