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Sur la piste... Les outrenoirs de Soulages du musée Fabre à Montpellier


Visite de la donation Pierre Soulages au musée Fabre à Montpellier.

Son nom est presque synonyme de peinture abstraite en France. Pierre Soulages est un colosse de l'art du XXe et du XXIe siècle. Né en 1919 à Rodez, il est présent dans tous les grands musées du monde et depuis quelques temps, ses toiles battent régulièrement des records en salle des ventes. Mais l'un des meilleurs endroits pour admirer l'art du maître, reste le musée Fabre à Montpellier, grâce à une donation du peintre d'une vingtaine de toiles en 2005. Pierre Soulages a fréquenté avec assiduité le musée, dans les années 40, où il vivait à Montpellier avant de se cacher dans la région pour échapper au STO.

Des premières oeuvres des années 1950 aux grands outrenoirs de la dernière période, la collection présente toute la carrière du peintre, jusqu'à l'apothéose. Dans une salle spécialement construite pour accueillir les peintures de Soulages, baignée d'une subtile lumière naturelle, flottent au milieu de l'espace de grandes compositions des années 1990.

Pierre Soulages, à partir de 1979, a banni toutes les couleurs de la palette, ne conservant que le noir, mais pas n'importe quel noir, un noir lumière qu'il étale sur la toile, avant de le rayer, le strier, le griffer, de manipuler sa texture pour refléter l'espace, l'atmosphère, la lumière qui entourent les oeuvres sans titre simplement désignées par le mot "peinture", puis la taille et la date. « Plus les moyens sont limités, plus l'expression est forte », explique l'artiste, fasciné par les premiers peintres de l'humanité, ceux qui à Lascaux ou à la grotte Chauvet, s'enfonçaient dans le noir des grottes pour peindre en noir avec des charbons de bois. Pourtant malgré la modestie des moyens, aucune simplicité dans l'art de Soulages. L'artiste est sans cesse en recherche, chaque nouvelle toile est comme un nouveau commencement. « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche », explique Pierre Soulages, depuis toujours.

Il faut prendre son temps dans les salles du musée Fabre, se poser, silencieusement et regarder, regarder vraiment. En fonction de la lumière et de la rétine de chacun, on perçoit une infinité sans cesse renouvelée de reflets, de sensations, de couleurs, de lumières différentes. Mais jamais on n'y verra du noir. Le cerveau a beau savoir que matériellement il ne s'agit que de noir, l'oeil est plus intelligent, saisissant ce que le peintre veut transmettre. Alors chaque escale devant un tableau devient une méditation, un voyage dans un espace presque imperceptible, celui qui sépare le tableau du regardeur.

Les photos d'ailleurs le montrent à merveille. Dans les premières peintures, on voit du noir mélangé à d'autres couleurs, des rouges, des bleus, des ocres. Mais à partir du moment où Soulages bascule dans l'outrenoir, toutes les images s'évadent avec la recherche de l'artiste, pour saisir un instant où le noir n'est plus perceptible, transformé magiquement par la lumière et la puissance de l'art.

Du mardi au dimanche, 10 h à 18 h. Musée Fabre, 39 boulevard Bonne Nouvelle, Esplanade, Montpellier. 04 67 14 83 00.

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