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Biennale de Venise : l'incandescente usine à rêves de Loris Gréaud


Premier article d'une série sur la Biennale de Venise, avec "The Unplayed Notes factory", le projet de Loris Gréaud sur l'île de Murano.

Pendant la Biennale d'art contemporain, l'art est partout à Venise, pas seulement à l'arsenal et aux giardini... Parmi la ribambelle impressionnante d'événements parallèles, Loris Gréaud réanime une ancienne verrerie cachée au coeur de l'île Murano pour une expérience hors du commun, un tableau vivant absolument fascinant. Avec The Unplayed Notes factory, l'enfant prodige de la scène française qui avait présenté son spectaculaire Cellar Door au Palais de Tokyo en 2008, redonne vie à une ancienne usine du Campiello della Pescheria, fermée depuis des décennies.

Le travail de Loris Gréaud tourne souvent autour du passage de la vie à la mort, de la vanité, souvent avec un mélange de technologie et une certaine forme de lyrisme. Cette installation performative, sous le commissariat de Nicolas Bourriaud qui dirige le Moco de Montpellier, s'insère dans ce questionnement, avec des allusions à la métaphysique et l'alchimie. Voici le réveil d'une bête endormie depuis 60 ans... Une nouvelle production totalement décalée et magique par rapport à celle des verriers de l'île...

Dans une pénombre rougeoyante, la salle est seulement éclairée par une nuage d'ampoules toutes différentes chorégraphiant un étrange ballet lumineux. Le four tourne, il chauffe. Un peu de fumée flotte dans l'espace. Le bruit, la chaleur... Tout est là pour entrer physiquement dans une expérience totale et délicatement infernale. Sur un côté, la silhouette d'un maître verrier. L'artisan s'adonne à un étrange spectacle quasi sisyphéen. Il souffle des ampoules, réalisées dit-on à partir d'un sable récupéré d'anciens sabliers, mais Loris Gréaud aime marier la fiction et la réalité. Ainsi, l'artiste cristallise avec fragilité le temps qui s'échappe sous les yeux des visiteurs.

Par moments, le verrier sort la matière du four, il la façonne, souffle par petites bouffées. Il avance la masse brûlante vers les spectateurs plongés dans cette ambiance nocturne. Puis l'artisan, d'un coup sec, pose la forme incandescente au sol. Mais, le refroidissement du verre obéit à certaines règles intangibles. Dans cet environnement inapproprié, la nouvelle ampoule craque rapidement, elle se fissure puis explose au bout de quelques minutes. Avant que le verrier ne recommence une nouvelle fois l'expérience. La précision des gestes, répétés depuis des générations, prend place dans un dispositif contemporain immersif, une divagation hors du temps. « Temporairement réactivée, l’usine rêve, cauchemarde et dérive avant de s’éteindre à jamais », explique l'artiste. Et avec elle, tout un imaginaire incandescent...

Jusqu'au 26 novembre. Samedi, dimanche, lundi, de 13 h à 16 h. Campiello della Pescheria, Ile de Murano, Venise.

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