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Nîmes : les rêveries antiques de Lilian Euzéby


A la galerie de la Salamandre à Nîmes, Lilian Euzéby évoque l'héritage antique et la précarité des civilisations qui se croient éternelles.

Chez Lilian Euzéby, la rêverie autour du temps qui passe est omniprésente. Avec l’exposition qu’il présente à la galerie de la Salamandre à Nîmes, il s’empare de l’histoire antique de Nîmes, du passé romain qui palpite dans chaque rue de la cité des Antonin pour une variation sensible autour du cycle de l’eau et des civilisations qui fleurissent, bâtissent et disparaissent...

Chaque été, dans sa maison de Russan sur les hauteurs de Nîmes, Lilian Euzéby accueille ses amis artistes avec des expositions réjouissantes, exigeantes et populaires. Il y présente quelques toiles, mais toujours avec modestie aux côtés de ses amis Sophie Calle, Claude Viallat ou Philippe Favier. Dans l’ancienne chapelle de la Salamandre à Nîmes, il déploie son travail avec bonheur. “Nemausa, où sont les ombres ?”, le titre de l’exposition, remarquablement mise en scène, donne le la. Lilian Euzéby aime les gris, les ambiances nocturnes, la poésie mélancolique. Il aime les contrepoints, les œuvres polyphoniques où plusieurs lectures sont possibles et viennent se superposer, s’épouser. Dans une ambiance sonore conçue par l'artiste, les peintures qu’il présente à Nîmes sont truffées de références, de clins d’œil, de petites phrases comme dans les tableaux de Cy Twomby, de vers, de souvenirs, certains sérieux, d’autres drôles...

La source Nemausa apparaît évanescente, prête à se dissoudre. Comme souvent, dans ses peintures, il joue avec les reflets. Lilian Euzéby pourrait faire sienne la phrase de Jean Cocteau : « Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images. » Entre rêve et réalité, entre l’image et son reflet, Lilian Euzéby suggère une double lecture. Avec ses monuments romains, il fait allusion aux peintures classiques d’Hubert Robert, mais les bâtiments sont noyés sous les cendres latines. Comme à Pompéi ? Lilian Euzéby est fasciné « par ces civilisations qui paraissent solides et qui disparaissent, comme le cycle perpétuel de l’eau ». Autre clin d’œil au sculpteur Bosc avec la statue d’Antonin le Pieux, empereur dont les aïeux étaient originaires de Nîmes et qui est mort en murmurant : « résignation. »

Dans les cieux noirs, le peintre dessine des constellations, assemblages « d’étoiles mortes qui continuent à nous éclairer la nuit et dont on se servait pour prédire l’avenir. » Avec une série de petites œuvres sur papier, Lilian Euzéby présente les portraits des grands empereurs romains du Ier siècle. Leurs têtes de marbre émergent de l’eau noire de la source, reliées au ciel par des forces obscures, sacrées et mystérieuses, celles qui pouvaient tomber du ciel comme les pierres qui s’étalent au pied des grandes toiles de sept mètres qui dégringolent jusqu’au sol, avec les arènes ou le temple de Diane. Les couches de civilisation se recouvrent à la surface de la toile, se mélangent aux rêveries poétiques, aux études astronomiques, aux humanités classiques qui ont fécondé les cultures contemporaines...

Jusqu’au 30 décembre. Jeudi, vendredi, samedi, 15 h-19 h. Galerie de la Salamandre, 3 place de la Salamandre, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 23 90

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