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Nîmes : photographes d'Afrique du Sud chez NegPos


La galerie NegPos à Nîmes présente un cycle passionnant réunissant treize photographies sud-africains, avec notamment la star Zanele Muholi.

Et si la scène africaine était l’avenir de l’art... En quelques mois seulement, des Eclaireurs à Avignon à Malick Sidibé à la fondation Cartier, l’avalanche d’événements autour de l’Afrique est impressionnante. Le nouveau cycle d’expositions que propose la galerie NegPos, dispersé à travers la ville de Nîmes autour des photographes sud-africains est passionnant. Un voyage remarquable et foisonnant, très loin des clichés qui entourent l'imagerie qui accompagne l'Afrique.

Grâce à Nontsikelelo Veleko, artiste accompagnée par la galerie NegPos, la présentation rassemble treize photographes sous le mot d’ordre “Resist(e)”. Et la résistance est effectivement au cœur du travail de la plupart des artistes, qu’ils soient des anciens opposants à la politique de l’apartheid ou des défenseurs aujourd’hui des minorités sexuelles.

La star de l’exposition, c’est bien sûr Zanele Muholi, certainement la photographe sud-africaine contemporaine la plus connue en Europe avec Pieter Hugo. Exposée l’an dernier par la fondation Luma, la photographe, à l’honneur récemment avec un portfolio dans le M le magazine du monde, livre un travail coup de poing autour des lesbiennes africaines. L’artiste et activiste affirme vouloir « réécrire une histoire queer et trans-visuelle noire de l’Afrique du Sud pour que le monde connaisse notre résistance et notre existence au plus fort des crime de haine en Afrique du Sud et au-delà ». Avec sa série Faces and phases (Visages et phases), elle présente une série de portraits de femmes africaines, des lesbiennes suivies sur plusieurs années, montrées à différents moments, s’affirmant peu à peu. Zanele Muholi laisse au milieu de la galerie de portraits quelques trous, des blancs, des silences évoquant les victimes d’attaques homophobes. Avec des images à la beauté puissante, elle montre à la fois la diversité et l’unité de ses contemporaines.

Les questions de genre et d’identité sexuelle font partie des fils conducteurs de la présentation. Noncedo Gxekwa explore la notion d’androgynie avec une série de photos de guerrières, jouant avec l’imagerie queer et les traditions africaines. En noir et blanc ou en couleur, sa série Gender Bender est impressionnante par sa force d’affirmation, sa puissance de contestation des normes sociales.

Pour Dean’s bed (Le lit de Dean), le photographe Dean Hutton fait défiler ses amis sur un matelas, dont les motifs prennent soudain une étrange aspect décoratif, presque matissien. Nus ou habillés, les personnes échappent aux concepts binaires du genre, affichant avant tout une passion pour l’amour, un corps libéré des contraintes.

De façon totalement décalée, Dave Southwood avec ses Handbags, détourne le regard. Il photographie de façon plongeante l’intérieur de sac à main de prostituées qui s’ouvrent sur une troublante intimité, avec des formes suggestives. L’artiste rémunère les personnes d’une somme équivalente à une prestation sexuelle, il leur demande leur couleur préférée pour le fond et leur prénom pour le titre.

Le droit à la différence dépasse la question de genre. Pour son projet Real Beauty (Beauté réelle), Jodi Bieber fait poser en petite tenue des femmes dont les corps échappent aux canons des magazines de mode. Dans leur univers quotidien, ces femmes se présentent avec une forme de normalité qui prend soudain des allures fantaisistes.

Chez Chris Saunders, l’affirmation de soi passe par le look. Le photographe s’intéresse à un mouvement musical qui a pris une dimension communautaire, l’Amapantsula. Les adeptes adoptent un look, inspiré par les films italo-américains de mafia, pantalon à pinces, allures délicieusement vintage et attitudes volontiers virevoltantes.

L’importance de l’histoire traverse plusieurs travaux. Plusieurs artistes sont des héritiers de l’école de David Goldblatt, qui a témoigné de la vie à l’époque sud-africaine à l’époque de l’Apartheid.

Cedric Nunn est une figure connue et reconnue de la scène photo sud-africaine, l'un des fondateurs du collectif Afrapix. Il est issu d’une famille de “colored”. Son arrière-grand-père blanc est venu s’installer en Afrique du sud, pour conseiller un chef local et s’est marié avec une femme du Zoulouland. Avec sa série Blood relatives (Parents de sang), Cedric Nunn évoque son histoire familiale sur trois décennies. Dans un noir et blanc délicat et hors du temps, il photographie les contradictions de la société sud-africaine, par delà l’abolition de l’apartheid.

Lebohang Kganye raconte elle aussi l’histoire de sa famille. En photos et en vidéo, avec des bricolages poétiques évoquant les films de Michel Gondry, la jeune artiste se met en scène aux côtés des silhouettes de ses aïeux pour raconter le parcours et l’héritage de son grand-père Ke Lefa Laka, qui a quitté sa campagne pour aller travailler à Johannesburg et dont elle ne connaît l’histoire que par la transmission, la parole, les récits de sa grand-mère.

Avec son Studio de rue, Alexia Webster raconte aussi l’histoire des lieux et des personnes qu’elle photographie. Malgré le titre, son travail n’a rien à voir avec la tradition de la photo malienne, façon Seydou Keita. Dans une démarche participative, elle crée des espaces dans lesquels les personnes racontent leur vie. Des petites filles sont photographiées dans un environnement intérieur, mais installées dans la rue d’un quartier en rénovation, contre le mur d'une maison disparue. Une vieille dame étale un tapis et prend la pose dans une ancienne mine à ciel ouvert... La photographe voyage en Afrique du Sud, à Madagascar ou au Sud-Soudan et perturbe avec ses images les notions d’espaces public et d’espace privé, questionnant le présent et la mémoire.

Quelques projets échappent à ses questions, s’orientant vers des démarches plus personnelles. C’est notamment le cas de Matt Kay et de sa série Synapse, variation poétique, faite d’apparitions, de détails, de départs ou des recherches d’Andrew Tshabangu autour des communautés religieuses et des pèlerinages, immortalisés dans des lumières brumeuses et éclatantes. Enfin Jansen Van Staden présente Things comme together (Les choses arrivent ensemble), un étrange mélange de photos noir et blanc et couleurs, observations subtiles de la vie contemporaine, des éclats du quotidien qui montrent les contradictions et les incertitudes de son pays.

Jusqu'au 31 janvier 2018. NegPos fotoloft, 1 cours Nemausus ; Fablab Negpos, Valdegour, 34 promenade Newton ; IFME, 2117 chemin du Bachas ; Maison des adolescents, 34ter rue Florian et bibliothèque universitaire (jusqu'au 20 janvier), site Vauban, 1 rue du Dr-Salan, Nîmes.

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