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Nîmes : Le pays où le ciel est toujours bleu à La Vigie


Avec Les clefs sous la porte, La Vigie à Nîmes donne une carte blanche au collectif orléanais Le pays où le ciel est toujours bleu. Aux cimaises, quatre artistes : Laurent Mazuy, Sébastien Pons, Jérémy Berthon et Timothée Schelstraete.

Dans les petites pièces de l’immeuble de La Vigie à Nîmes, les œuvres sont disposées comme si les propriétaires étaient partis, emportant les meubles, mais oubliant lors d'un déménagement leurs oeuvres d'art. La galerie a donné carte blanche au collectif Le pays où le ciel est toujours bleu, qui dispose d’un lieu d’exposition à Orléans. En juin prochain, la Vigie se verra offrir une carte blanche sur place. La galerie dirigée par Isabelle Simonou-Viallat y présentera Olivier Alibert, Hans Segers et Emmanuel Simon. Les deux lieux sont guidés par une même esthétique, une exploration contemporaine de la forme, un questionnement autour de la représentation.

Sous le titre poétique “Les clefs sous la porte”, l’accrochage mélange les quatre artistes sélectionnés, pour un ensemble de jeux visuels et d’apparitions interrogatives jouant avec l’espace. Laurent Mazuy et Sébastien Pons, membres du collectif ont choisi d'inviter à leurs côtés deux autres plasticiens, Jérémy Berthon et Timothée Schelstraete. Le but n'est pas de tisser des points communs entre les univers, pas de provoquer des carambolages non plus, mais plutôt de mettre en relief des singularités, des recherches personnelles dans un subtil dialogue.

Les photos prises à Berlin par Laurent Mazuy sont comme des prises de notes, des fragments, des regards picturaux sur une ville chargée d'art et d'histoire. Portions de ciel, rues dans des lumières vespérales, détails d’architecture... L’artiste ne fait pas dans la carte postale, préférant s’intéresser à la texture de l’image et saisir l’absence dans un environnement urbain. Il ne livre pas un souvenir, mais une rêverie abstraite.

Timothée Schelstraete joue aussi avec les mystères au cœur de l’image. Pour ses tableaux, il utilise des photos imprimées, des détails, des images insaisissables sur lesquelles il peint à l’huile. Dans des tonalités sombres, les formes ne sont plus réellement reconnaissables, quelques détails se distinguent dans un mélange d’étrangeté et de mystère. La magie sombre de l’artiste vient d’une relation inquiétante avec l’univers quotidien qui semble disparaître, s’effacer sous le passage du temps.

Les statues de Jérémy Berthon interrogent le regard avec un subtil jeu d’équilibre, d’irruption dans l’espace d’éléments qui viennent troubler l’environnement, les échelles, les espaces. En plâtre couvert de crayon, les œuvres jouent entre la présence imposante et la fragilité secrète. Malgré leurs formes abstraites, elles évoquent le corps. Deux tubes appuyées contre un mur sont comme deux jambes d’un homme en attente. Bondissante, la série Acrobat évoque comme son nom l’indique des corps en mouvement, en torsion et en équilibre.

Sébastien Pons utilise aussi la sculpture et la céramique pour interroger le rapport du corps à l’espace, dans un mélange de poésie et de cruauté où se rencontrent Eros et Thanatos, l’amour et la mort. Dans un grand totem aux détails phalliques, il joue avec les sens et les surprises. Sur des chevets encadrant un lit disparu, il pose des sculptures où les traits de visages squelettiques veillent sur les présents et sur les absents. Avec Golgotha, il installe sous une cloche précieuse un crâne, posé sur un amoncellement étrange de matière, comme un carottage archéologique qui ferait remonter à la surface la permanence de la vie...

Jusqu'au 3 mars. Mardi au samedi, 14 h-18 h. La Vigie, 32 rue Clérisseau, Nîmes. Entrée libre. 04 66 21 76 37.

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