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Arles : Jean Prouvé, constructeur visionnaire à la fondation Luma


Un exposition exceptionnelle de douze maisons de Jean Prouvé à la fondation Luma Arles.

Jean Prouvé refusait le terme architecte. Et les architectes le lui refusaient aussi. Il était, disait-il, un « constructeur ». Pour ses contemporains, il était, à bien des égards, un hérétique... Et pour ceux qui visitent l’exposition que lui consacre la fondation Luma Arles, il était, tout simplement un visionnaire.

Jusqu’au mois d’avril, grâce à une collaboration avec le galeriste Patrick Seguin, sont rassemblés de façon exceptionnelle douze projets d’architecture démontable, comme une famille éparpillée qui se retrouve sous la Grande halle à la charpente métallique et dans la cour des ateliers SNCF. Depuis des années, le spécialiste de Jean Prouvé s’est lancé dans une vaste entreprise de sauvegarde, pour récupérer des créations souvent à l’abandon. Il a réussi à épargner de nombreuses maisons, exemplaires d'un travail et d'une pensée qui résonne étrangement avec le quotidien d'un monde bouleversé par les migrations et les déplacements. Jamais, autant de maisons n'ont été réunies pour montrer l'ampleur de l'oeuvre de Jean Prouvé. Et il faut être réaliste, ce n'est pas demain la veille qu'un événement aussi énorme aura lieu. L'exposition est tout simplement incontournable...

Ferronnier au départ, Jean Prouvé a collaboré avec des nombreux architectes célèbres. Il a participé à la Villa Noailles de Mallet-Stevens à Hyères, travaillé à la façade du siège du PCF à Paris avec Oscar Niemeyer... Mais parallèlement, et très tôt dans sa carrière, il a développé une nouvelle façon de penser l’habitat. Pour lui, la maison n’est plus un immeuble, mais un meuble, qu’on peut acheter en pièces détachées, démonter, transporter, adapter en fonction des besoins et donc fabriquer en série, comme des voitures. Ses rêves ne se réaliseront pas dans les mesures qu’il espérait, mais pourtant ses architectures légères sont devenues des icônes.

Le principe est chaque fois le même. Un plancher, un élément central qui soutient un toit et des parois autour. À partir de ces règles élémentaires, Jean Prouvé se lance dans une aventure passionnante. La première maison réalisée sur ce principe par Jean Prouvé durant les années 40 est la seule principalement en bois, en raison des pénuries de métal durant l’Occupation. Ensuite, le ferronnier développe des structures métalliques que viennent habiller des parois de bois adaptables et interchangeables en fonction des besoins, ici une porte, là un mur, ailleurs une fenêtre.

Après guerre, les maisons démontables de Jean Prouvé serviront à abriter les sinistrés en Lorraine. Selon le principe mis en place, la maison se décline en plusieurs tailles. Elle peut s’ériger en quelques heures seulement et toutes les pièces peuvent être portées par quatre bras.

Très didactique, l’exposition présente de nombreuses archives, plans, photos, maquettes. De courtes vidéos montrent comment les maisons s’assemblent et un livre, chez Phaïdon, accompagne la présentation, détaillant chaque projet. Mais le charme et l’intérêt de l’exposition sont surtout de pouvoir pénétrer à l’intérieur des maisons, toutes ouvertes au public.

Durant les années 50, époque de pénurie de logement, les idées de Jean Prouvé séduisent... Elles resteront bien souvent à l’état de prototype. L’un des projets les plus remarquables est la maison des jours meilleurs. Après l’appel de l’Abbé Pierre durant l’hiver 1954, il conçoit une maison résumant parfaitement son œuvre et ses recherches. Avec ses lignes douces et harmonieuses, ses parois rondes en bois thermoformé, la maison économique et confortable montre à la fois le talent et l’esprit humaniste de Jean Prouvé.

La technique mise en place par le constructeur permet aussi de donner naissance à des bâtiments de plus grande ampleur. La fondation Luma présente une école provisoire conçue pour Villejuif à la fin des années 50, toute de verre et de métal rouge, le bureau d’étude de Maxéville où Jean Prouvé travaillait, une station-service circulaire de la fin des années 60 ou la vaste école de Bouqueval, longue de 23 mètres.

Chaque projet, pensé avant tout de façon fonctionnelle, témoigne aussi d’une esthétique qui a marqué la modernité, avec ses lignes pures, une simplicité aérienne, radicale et lumineuse.

Jusqu’à fin avril 2018. Fondation Luma, parc des ateliers, Arles. 7 €, 5 €, gratuit - 18 ans. Visites guidées, horaires et réservations sur le site.

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