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Nîmes : Paris-Shanghaï, regards croisés à la galerie NegPos


Regards sur la France et la Chine par les photographes Patrice Loubon et Liu Gang à la galerie NegPos, à Nîmes.

Les Nîmois connaissent bien Patrice Loubon pour son travail de passeur. Depuis des années, avec l’association NegPos, il présente le meilleur de la photographie contemporaine notamment dans la galerie installée à Nemausus, la bâtiment construit par Jean Nouvel. Avec "Paris-Shanghaï, regards croisés", il présente ses recherches personnelles. Passionné depuis toujours par les questions urbaines, il a photographié régulièrement les grandes villes, notamment La Havane dans les années 90, période de désastre après la chute du mur. Invité par l’agence d’urbanisme Urbains qui développe des projets culturels parallèlement à ses missions techniques, il vient de passer trois semaines à Shanghaï et présente ses images, dans un regard croisé avec celles du Chinois Liu Gang.

Patrice Loubon s’intéresse surtout aux zones périphériques, aux entre-deux, influencé par les Américains Walker Evans, Robert Adams ou Lewis Baltz... « J’adore cet intervalle », dit-il, cet espace des possibles, des surgissements inattendus. À Shanghaï, il a découvert une ville « colossale, une urbanité en plein mouvement ». Dans cette gigantesque cité en chantier, il photographie les contradictions à l'oeuvre, les mutations en cours. La ville pose « la question de la modernité, comme dans les années 30 et 40 quand les Européens qui arrivaient aux États-Unis ». Patrice Loubon montre à la fois la vie des petites gens qui perdure, le linge qui continue à sécher aux fenêtres comme à Naples et en même temps, les grandes tours qui se construisent à l'horizon, les réseaux de transport en commun, les lumières artificielles.

Contrairement à la vision occidentale des grandes villes chinoises, il a découvert sur place une forme de douceur. Au bord de la mer, Shanghaï est moins polluée que certaines mégalopoles asiatiques. Dans ses photos, le ciel est bleu... « C’est une ville très confortable, qui a un côté pratique, où il n’y a pas de sensation de masse et de chaos, comme à Mexico, alors qu’il y a 30 millions d’habitants. Il y a toujours des petites maisons, une présence du rural en ville, des petits marchés, des échafaudages en bambou », poursuit Patrice Loubon, qui s’approche très près des habitants, prenant essentiellement des photos à la volée. Entre les tirages et les images qui défilent sur un écran, l’artiste présente quelques courtes vidéos, comme de petits éclats qui viennent donner du mouvement à ces photos pleines de vie, à la fois apaisées et entre deux mondes.

Parallèlement, Liu Gang présente des photos à la fois de Shanghaï et de Paris. Alors que Patrice Loubon photographie le présent de la découverte, Liu Gang livre un témoignage plus personnel, une réflexion sur la mémoire de la ville. Il regarde et il montre un monde qui s’efface, dans une vision imprégnée de tristesse. « Patrice Loubon montre la diversité, il reste calme. Ma vision est plus dramatique, avec des photos plus intimes et plus personnelles », explique Liu Gang, dont les images sont gagnées par les tonalités sombres.

Dans une maison abandonnée, il photographie les portraits des ancêtres laissés par les anciens habitants, les bâtiments qui disparaissent, les traces du passé, les cicatrices dans le paysage. « La ville change en permanence, je ne juge pas », explique l’artiste qui présente également une série sur Paris, totalement décalée.

Liu Gang ne montre rien de folklorique, aucun bâtiment du Second Empire, pas d'avenues hausmaniennes, ne cite pas la photographie humaniste qu'on associe spontanément à Paris. Le photographe, spécialiste en design urbain, s’intéresse aux architectures de béton, les tours et les immeubles modernes pour des clichés jouant avec la géométrie. Souvent, ces zones sont présentées par les Européens, amoureux de leur patrimoine, de façon écrasante. Si sa vision de Shanghaï est sombre, celle qu'il livre des banlieues parisiennes est lumineuse. Liu Gang montre peu les habitants, juste des silhouettes furtives traversant l'environnement. Il explique qu’il lui est difficile de s’approcher des Européens pour faire des portraits. Mais sa vision n’a rien d’inhumain. Ces espaces, qui échappent habituellement aux regards, sont présentés avec sobriété, apaisement. Liu Gang montre qu’ils sont aussi des lieux où s’inventent une nouvelle ville et un nouveau monde.

Jusqu’au 7 mars. Galerie NegPos Fotoloft, 1 cours Nemausus, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 23 96.

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