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Sur la piste... Mai 68, la révolte à l'affiche !


Mai 68, dont on célèbre le cinquantième anniversaire, a également été une révolte artistique.

Déflagration politique et sociale, Mai 68 a aussi laissé des traces artistiques. Des films de Godard aux chansons de Léo Ferré, en passant par les peintures de Gérard Fromanger, l'héritage est important. Au coeur même de l'événement, c'est à l'école des Beaux-arts de Paris que se mène la fronde avec l'atelier populaire qui produit tout au long de ce mois de mai, des centaines d'affiches représentant, un demi-siècle plus tard, l'esthétique de cette révolte de la jeunesse.

Le 14 mai, la prestigieuse école est occupée. Immédiatement, artistes et étudiants oeuvrent de concert. Une première affiche est éditée : "Usines, Université, Union". Dans les jours qui suivent, les sérigraphies sont nombreuses avec des slogans restés célèbres "CRS=SS", "Sois jeune et tais toi" ou "La chienlit c'est lui". Par la vente des affiches, le but était de financer la lutte des étudiants. Sur place se croisent Gérard Fromanger, Pierre Buraglio, Guy de Rougemont, Eduardo Arroyo, Julio Le Parc, Bernard Rancillac, beaucoup de peintres liés au contestataire salon de la Jeune peinture... Tous travaillent dans l'anonymat et de façon collective. Cela rejoint plus largement une remise en cause des normes esthétiques de l'époque, de la célébration officielle des vieux peintres de la Seconde école de Paris.

Le style est resté immédiatement reconnaissable, iconique, avec un graphisme très direct, des images en pochoir et des mots d'ordre révoltés et souvent pleins d'humour. L'efficacité dans la concision. Les affiches attaquent les institutions établies, l'ORTF, le Général de Gaulle, la police... En quelques semaines, près d'un million d'affiches sont tirées, au départ en lithographie, puis rapidement en sérigraphie, une technique moins lourde.

L'école des Beaux-arts de la ville de Paris est évacuée le 28 juin par les forces de l'ordre, qui n'ont pas réussi à saisir l'imprimerie clandestine qu'elles pensaient trouver. Preuve de l'intérêt historique et artistique de cette production, dès l'été 1968, le musée des Arts et traditions populaires de Georges-Henri Rivière, l'ancêtre du Mucem, commence à collecter ces affiches. Certaines ont même été directement données au musée, une semaine après l'évacuation, par de jeunes artistes attachés à la mémoire de ces semaines de lutte et de... création !

Après les événements de 1968, l'école des Beaux-arts sera profondément réformée, notamment pour démocratiser son accès puis pour élargir le recrutement des enseignants. A l'occasion des 50 ans du mouvement, l'exposition "Images en lutte" au Palais des Beaux-arts de Paris revisite cette histoire de l'identité visuelle des luttes de l'extrême-gauche des années 1968 à 1974.

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