Marseille : la grande traversée de JR
Dans le cadre du programme MP2018 qui a pour thème "Quel amour", le photographe JR présente une monumentale installation participative dans le hangar du J1 à Marseille.
Derrière ses lunettes noires et son pseudo, il parcourt le monde sans cesse avec de nouveaux projets, des expositions, des films. Jusqu'au mois de mai, le photographe JR est à l'affiche à Marseille avec Amor Fati dans le cadre du programme MP2018 qui déploie tout au long de l'année un programme de 450 événements culturels. Pas de clichés de l'artiste aux cimaises, mais une installation participative dans la lignée de son projet Inside Out où il met en scène les autoportraits fournis par les visiteurs. Dans le vaste hangar du J1, sur les quais de la Joliette, il évoque avec poésie son amour pour la Méditerranée, mère et cimetière du monde moderne.
Avant de pénétrer dans l'obscurité, le visiteur est invité à passer dans un photomaton, l'un des centres du travail de JR. Le regard est imprimé sur une feuille qu'il faut plier selon un plan pour en faire un bateau en papier comme le font les enfants. Et ensuite, que vogue le navire...
Dans le hangar, JR a installé un vaste plan d'eau et des passerelles métalliques qui évoquent des pontons, des paquebots mais dans une version labyrinthique. L'ampleur (1 500 mètres carrés) rappelle les expositions Monumenta du Grand Palais, où des artistes créaient une oeuvre in situ sous la grande verrière du bâtiment parisien.
Chacun est invité à déposer les petits bateaux dans l'eau, pour les laisser voyager dans un océan de poésie. Les yeux se promènent à la surface de l'eau, s'enfoncent peu à peu ou échouent sur les rives. Immédiatement dans cette beauté et cette douceur, surgissent aussi les images des embarcations précaires sur lesquelles se jettent chaque jour des milliers de migrants pour traverser cette Méditerranée, bénie et maudite. Les passerelles conduisent d'ailleurs vers une fenêtre surplombant le port et la baie de la cité phocéenne, terre de migrations depuis toujours.
Le titre stoïcien Amor Fati, l'amour du destin, n'est pas fataliste, bien au contraire. Popularisé par Nietzsche, il invite au contraire à penser aux conséquences présentes de nos actes.
Le thème des réfugiés et des migrations est aussi le thème de son film Ellis, diffusé pendant toute la durée de l'exposition. Tournée dans les locaux d'Ellis Island au large de New York, l'île où séjournaient en quarantaine les Européens qui rêvaient d'un nouveau destin, la vidéo met en scène Robert de Niro en fantôme de ceux qui n'y sont pas parvenus et de ceux qui n'y parviendront jamais...
Jusqu'au 13 mai. Mercredi, 12 h à 22 h. Jeudi au dimanche, 12 h à 18 h. Hangar J1, quai de la Joliette, Marseille. 7 €, tarif famille 10 €.
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