Alès : Joseph Zobel, l'oeil de l'écrivain au musée du Colombier
Le musée du Colombier à Alès, dans le Gard, dévoile les photographies oubliées de l'écrivain Joseph Zobel.
Joseph Zobel était écrivain, l’auteur de Rue Cases-Nègres, adapté au cinéma par Euzhan Palcy en 1983. Mais curieusement, grâce au musée du Colombier d’Alès et au festival de cinéma Itinérances, c’est une autre facette de l’artiste qui est à découvrir. Joseph Zobel, l’auteur d’originine martiniquaise, marqué par la littérature de la négritude, était également photographe et l’exposition qui lui est consacrée est tout simplement la plus belle du moment dans le Gard, la plus surprenante aussi, servie par un accrochage remarquable. Bref, incontournable !
Charlotte Zobel, sa petite-fille, est également photographe. En rangeant des archives familiales, elle a découvert une boîte avec des tirages et des diapositives, prises par son grand-père, de son arrivée en région parisienne après la Seconde Guerre mondiale à son installation dans les Cévennes dans les années 70 où il a passé les trente dernières années de sa vie, jusqu’à sa mort en 2006. L’exposition est intitulée “L’Œil de l’écrivain” et incontestablement, Joseph Zobel avait l’œil. Travaillant au 6x6, ce format carré qui exige une savante maîtrise des diagonales et interdit les photos à la volée, Joseph Zobel commence à photographier les élèves de l’école où il enseigne à Fontainebleau. Ses photos évoquent la grande tradition de la photographie humaniste française, façon Robert Doisneau ou Willy Ronis.
Joseph Zobel livre une série d’autoportraits, où il pose en écrivain. Il prend des photos de ses proches, de ses voisins, de personnes croisées en Cévennes. Les tirages ne sont pas documentées et les portraits non identifiés, hormis quand il s’agit de membres de sa famille. Joseph Zobel ne mitraille pas. Grand portraitiste, il prend le temps devant chaque modèle, montrant la dignité de chacun avec un regard plein d’humanité. « Je ne connais rien de plus beau et de plus réjouissant que le regard plein de bonté d’une personne que je rencontre pour la première fois », disait-il.
Dans les moments de vie immortalisés dans un noir et blanc sublime, il aime les clairs-obscurs, les compositions picturales, les images hors du temps. Accompagné de son appareil photo, Joseph Zobel découvre la France métropolitaine. Curieusement, les photos semblent aussi échapper à tout territoire. Une récolte de pommes en Cévennes évoque des champs de coton et les épis de maïs ressemblent aux cannes à sucre antillaises. Le sourires des enfants sont universels. Les scènes de la vie quotidienne, les balades, les vendanges, un moment de canotage sur un lac... Joseph Zobel photographie avec humilité ces Cévennes qu’il a tant aimées, notamment pour leurs habitants qui ont l’habitude, disait-il, d’adresser la parole « à qui paraîtrait en danger d’être contaminé par l’indifférence ».
Jusqu’au 21 mai 2018. Tous les jours, 14 h à 18 h. Musée du Colombier, rue Mayodon, Alès. 5 €, 2,50 €. 04 66 86 30 40.