Sur la piste... Daniel Buren et l'art in situ

Des premières toiles radicales, Daniel Buren a déployé peu à peu ses rayures et ses couleurs à travers l'espace et le monde...

BMPT. 1967. Quatre lettres, une date, une déflagration. Un an avant Mai 1968, l'époque est à la contestation, dans les universités, les usines, mais aussi dans les ateliers d'artiste où les créateurs s'émancipent du système. Daniel Buren fait partie de ces révolutionnaires. En 1967, lors du 18e Salon de la jeune peinture, l'artiste et ses amis peignent face au public tandis que des haut-parleurs crachent aux amateurs d'art « Buren, Mosset, Parmentier et Toroni vous conseillent de devenir intelligents. » Une fois les toiles terminées, ils remballent les tableaux, le matériel et remplacent le tout par une banderole proclamant leur refus d'exposer.

Dans les années suivantes, les quatre vont réduire l'art à un geste, mais aussi une attitude contestataire. Daniel Buren adopte les rayures verticales des tissus de stores industriels, larges de 8,7 centimètres. Pendant des années, il peint en blanc les deux bandes extérieures des textiles qu'il choisit. Cela va devenir l'une des bases de son vocabulaire plastique, immédiatement reconnaissable.

Mais sa pratique va évoluer. Peu à peu, Daniel Buren va réintégrer les institutions artistiques qu'il contestait. A partir des années 80, il répond à des commandes publiques et développe un travail in situ, qui va se déployer à travers le monde. Les Deux plateaux, son installation la plus célèbre pour les jardins du Palais Royal à Paris, a défrayé la chronique, déchaînant une haine aujourd'hui assez incompréhensible. Il travaille aussi autour de la couleur, dans un jeu de transparence, de reflets, de géométries chromatiques.

Voici quelques exemples d'interventions dans l'espace public, qui montrent la volonté de l'artiste d'établir un nouveau regard sur la beauté, de créer de nouvelles interactions entre le public et la création hors des murs étroits des musées dont il continue à questionner le fonctionnement tout en guidant souvent les pas des visiteurs vers l'intérieur...

Les Deux Plateaux, cour du Palais Royal, Paris