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Arles : le regard d'Alfred Latour au musée Réattu


Découverte des photos du peintre Alfred Latour au musée Réattu d'Arles.

Son nom est quasiment oublié du grand public. A travers le parcours “Les geste d’un homme libre”, la fondation Alfred Latour présente un cycle d'événements pour redécouvrir d’un artiste parfois insaisissable, farouchement indépendant. Parallèlement à une exposition à Eygalières, dans son village des Alpilles, Arles accueille une passionnante exposition de photographies.

Né en 1888, Alfred Latour est remarqué par Emile Bernard, travaille à des gravures pour Ambroise Vollard. Dans les années 1930, il s’installe en Provence, son fils d'ailleurs sera l’un des conservateurs du musée Réattu d'Arles. A l’écart des modes, plus près des architectes que des peintres de son temps, il cultive un art à la modernité étonnante. Son travail d’illustration le relie aux grandes figures de la modernité, Le Corbusier, les Delaunay, le Bauhaus. Succédant à Raoul Dufy, il crée des imprimés pour les soieries Bianchini-Férier.

Parallèlement, il réduit sa peinture à une expression à la fois simple et puissante, avec un regard géométrique et des couleurs puissantes. Les paysages sont réduits à quelques masses, quelques lignes qui frappent par leur évidence et leur force silencieuse. Son écriture graphique montre un amour immodéré du dessin, la recherche du trait juste et définitif qui se retrouve dans ses photographies. Alfred Latour va droit au but, mais aussi droit au cœur. Les peintures ont été présentées au printemps à l'espace Van Gogh d'Arles, elles font l'objet d'une édition riche et savante Alfred Latour, les gestes d'un homme libre chez Actes Sud. Les photos font l'objet d'une second opuscule, chez le même éditeur, accompagnant les expositions actuelles.

Hors de toute ambition ou reconnaissance, à partir des années 1930, Alfred Latour se lance dans la photographie avec une vision de peintre. Malgré une brève collaboration avec l’agence Meurice, il s’agit avant tout d’un travail personnel. Difficile d’échapper aux comparaisons avec les grands photographes de son temps, mais Alfred Latour n’appartient à aucune école et ne travaille pas en relation avec ses contemporains. Pour lui, la photographie est avant tout un outil de recherche, accompagnant son travail pictural. Avec le recul, elles échappent pourtant largement à la fonction d’archives pour construire une œuvre parallèle et passionnante.

Comme dans ses peintures, il construit des cadres solides, structurés par des lignes de force rigoureuses, mais capturant des petits moments décalés, souvent pleins d’humour. Les images sont dépouillées et pourtant pleines de vie. A Paris, l'artiste engagé, qui participera ensuite à la résistance, immortalise des scènes qui évoquent la grande tradition de la photographie humaniste à la française ou les cadres d'Henri Cartier-Bresson, bien que ce ne soit pas son propos. Il cadre le paysage urbain à travers le pare-brise d’une voiture ou immortalise Paris au ras du sol, depuis les escaliers sortant du métro. En Provence, il regarde les devantures des commerces de son village comme des abstractions géométriques ou les amandiers sur les arides collines provençales comme des silhouettes dessinées dans le paysage, avec ascèse mais toujours avec une sensibilité, une préoccupation pour la fragilité de la vie, de sa beauté et du temps qui passe.

Jusqu'au 30 septembre 2018. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Musée Réattu, 10 rue du Grand-Prieuré, Arles. De 6 € à 9 €. 04 90 49 37 58.

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