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Sauve : l'explosion de couleurs de Gaël Davrinche à la galerie Larnoline


Dessins et peintures de Gaël Davrinche, à la galerie Larnoline, à Sauve dans le Gard.

Le titre choisi pour son exposition à Sauve, dans le Gard, est clair : “128 000 couleurs etc.” Chez Gaël Davrinche, les périodes s’enchaînent, mais une question reste récurrente, essentielle depuis l’école des Beaux-arts où il jouait avec des dessins d’enfants présentés à l’échelle de l’adulte. « La couleur est la colonne vertébrale, la substantifique moelle de l’image », explique l’artiste, qui, un peu à la manière de Gérard Gasiorowski, est engagé dans une exploration de toutes les possibilités de la peinture.

À la galerie Larnoline, l’accrochage présente plusieurs séries de Gaël Davrinche, montre « un travail en mutation permanente, avec des périodes qui s’enchaînent, avec des logiques et des ruptures ». Mais chaque nouvelle étape est pensée en fonction de la précédente, comme une nouvelle façon de cerner la peinture, quitte à l’écorcher au besoin.

Pendant longtemps, avec Les Revisités, il a réinterprété des portraits classiques signés Rembrandt ou Velasquez, entre hommage et humour, précision et exagération. Dans cette surface un peu bad painting, se distinguent déjà des variations chromatiques subtiles et enflammées, des blancs étincelants. Arrivé au bout de la série, Gaël Davrinche se lance dans les Finger paintings, peignant avec les doigts, avec l’idée de retrouver une « peinture rupestre, la trace de la main sur la paroi ». Ainsi, il développe une image à la fois brute et franche, saisissant des visages hirsutes avec des gestes et des couleurs explosives. La peinture même !

Pour Gaël Davrinche, la remise en question est incessante et la peinture un corps à corps avec la matière et avec lui-même. Pour la série des Memento Mori, il rompt avec la figure humaine pour des vanités épurées, des fleurs aux tiges légères, très graphiques et aux pétales empâtés, charnels, à vif, comme des quartiers de viande peints par Soutine soudain esseulés dans un blanc cosmique.

Après un détour par les Portraits accessoires, interrogation sur l’image à l’ère numérique, des peintures plus réalistes qui ne sont pas présentées à Sauve, Gaël Davrinche renoue avec une forme d’expressionnisme avec la série Kalashnikov. Poussant sa peinture dans ses retranchements, il s’intéresse à la « destruction de l’homme par l’homme, qu’il s’agisse de psychologie, de guerre ou de pollution » avec la volonté de donner à voir « le visage inhumain de l’humain ». Avec un travail sur la matière, manipulée de façon violente, il va « aux limites de la compréhension de l’image ».

Une pente qui mène logiquement vers l’abstraction ou plutôt l’abandon de la figuration. « Le sujet au départ, c’est l’autre, soi, l’homme », explique l’artiste. Dans ses Nebula, il peint de grandes variations floues autour des fleurs, inspirées par la nostalgie silencieuse des photos de Cy Twombly, qui au seuil de sa vie, présentait lui aussi des grandes pivoines aux tonalités torrentielles à la Collection Lambert à Avignon. « Après avoir tellement disloqué la figure, j’avais envie de quitter cet espace, poursuit l’artiste, mais les fleurs sont extrêmement structurées, c’est plus exigeant encore que le portrait ». Avec de grands formats à la poésie apaisée, il interroge la perception avec des formes éthérées, des sensations immatérielles.

En quittant le portrait et la figure, Gaël Davrinche renoue avec la nature, avec l’idée de paysage qu’il évoque à sa manière avec les récents et fascinants Champs chromatiques. C’est après une balade à la mer des Rochers à Sauve, qu’a éclos ce projet sériel, nourri par Rothko ou Richter. Sur des toiles, contrecollées sur dibon dans un dépouillement à la justesse absolue, Gaël Davrinche superpose les couches de peinture, créant des horizons à la profondeur infinie. « Dans un rectangle, sans aucun artifice, se posent toutes les questions de la peinture, le brillant et le mat, le flou et le net, la transparence et l’opacité, le doux et le brut, le multiple et l’unique », précise l’artiste qui voudrait que le regard se pose sur les toiles et découvre « le bien-être de la neutralité, comme face à la mer ou à la montagne. Il n’y a pas de jugement critique, c’est juste là et ça s’impose naturellement. »

Jusqu'au 8 juillet. Du vendredi au dimanche, 11 h-13 h et 15 h-18 h. Galerie Larnoline, 2 rue de l'Evêché, Sauve. Entrée libre. 04 66 80 53 03.

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