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Bagnols-sur-Cèze : la douce poésie d'Anne Slacik


La peintre Anne Slacik présente son jardin de couleurs à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard.

Il faudrait pouvoir se baigner dans la peinture d’Anne Slacik pour l’apprécier vraiment, s’immerger dans ses couleurs, se laisser porter par les flots de sa poésie. Représentée notamment par la galerie Adoue de Nabias à Nîmes, l'artiste présente “Jardins 1996-2016” au centre d’art rhodanien Saint-Maur de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, une balade toute en légèreté dans un univers sensible et fragile, charnel et évanescent.

Vivant entre Pompignan aux portes des Cévennes et Paris, l’artiste se nourrit de la nature, du paysage, mais aussi des mots des poètes, avec lesquels elle collabore régulièrement pour des livres d’artiste délicats où la fluidité de sa peinture coule au rythme des vers des auteurs. Au fil des années, ce sont quasiment 500 livres qui ont éclos ainsi, dans l’intimité et la complicité. Le dernier en date avec le poète James Sacré, La couleur des oliviers bouge est inspiré d’un voyage dans les Pouilles. Sur chaque exemplaire, elle peint avec ses couleurs liquides des variations autour des oliviers, chaque image naissant de l'empreinte de la précédente, comme un pantoum dont chaque strophe reprend des vers de la précédente pour la pousser ailleurs...

Au centre d'art Saint-Maur, les peintures élargissent l’horizon, l’espace. La beauté des toiles d’Anne Slacik ne se résume pas à sa technique. Mais elle y tient une place importante car elle impose un temps long, une patience, une forme de méditation. La peintre broie elle-même ses pigments, fabrique elle-même ses couleurs à l'ancienne. « L’huile met six mois à sécher, c’est une matière vivante », explique Anne Slacik, qui accumule les couches de peinture. Elle creuse, elle rajoute, elle recouvre de fins glacis successifs, elle efface à l’essence les couleurs et crée peu à peu de subtils effets de relief et des profondeurs insondables. Anne Slacik se sent bien dans cet univers liquide, fait de transparences, de sensations légères et amniotiques.

La composition d’un tableau débute souvent au sol, puis Anne Slacik redresse la toile, l’érige. Abstrait ? Figuratif ? L’artiste est toujours entre les deux. Pour elle, ce n’est pas le problème. « Comme disait Rothko, la question, c’est d’écarter les bras et de respirer », dit-elle.

Ainsi, naissent des univers végétaux, comme une série de tilleuls dans les tonalités de vert et de violet. « J’ai peint dans les fleurs, dans l’odeur. Je me souviens de ma présence dans le tilleul quand je vois les toiles », explique Anne Slacik. Les arbres tiennent une place particulière dans l’exposition avec les œuvres de la série Piero Peinture. « J’en ai peint un le jour de la mort de l’artiste Jean-Pierre Pincemin. Lors d’un voyage à Berlin, j’ai découvert un tableau de Piero della Francesca, c’était exactement mon arbre. J’étais sidérée, j’ai peint toute une série d’arbres, une trentaine de grands formats et de papiers », se souvient l’artiste qui livre une peinture intime, qui enveloppe le corps, l'oeil et l'esprit de sa douceur. Le regard va très loin dans ses tableaux, s’enfonce à l’intérieur, se perd, retrouve son chemin, suivant comme elle l’a fait récemment à la maison de Victor Hugo « la pente de la rêverie ».

Jusqu’au 28 juin. Lundi au samedi, 10 h-12 h et 15 h-19 h. Centre d’art Saint-Maur, rue Fernand-Crémieux, Bagnols-sur-Cèze. Entrée libre. 04 66 50 50 54.

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