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L'Isle-sur-la-Sorgue : en suivant le fil de l'art à la Villa Datris


Une exposition de sculptures contemporaines autour du tissage et du tressage à la Villa Datris, à L'Isle-sur-la-Sorgue en Vaucluse.

Une belle balade dans un beau village, une belle exposition dans une belle maison. Cap sur L'Isle-sur-la-Sorgue en Vaucluse, où la Villa Datris réunit pour son exposition annuelle des artistes travaillant autour du tissage et du tressage.

Pensée par deux passionnés, Danièle Marcovici et son compagnon Tristan Fourtine, disparu en 2013, la fondation consacrée à la sculpture contemporaine se veut un « lieu librement ouvert au public » et un « lieu de passage », avec pour but « la transmission de la connaissance d'oeuvres et d'artistes ». La mission est largement accomplie, l'entrée est gratuite pour tout le monde et il suffit d'énumérer la liste des artistes pour s'en convaincre, avec de nombreuses stars de la scène contemporaine, habituées des grandes foires ou des biennales : El Anatsui, Phyllida Barlow, Lilian Bourgeat, Fabrice Hyber, Annette Messager, Laure Prouvost, Patrick Saytour, Claude Viallat, Chiharu Shiota, Joana Vasconcelos, Nils Udo ou Ernesto Neto... A leurs côtés, de nombreux jeunes artistes ou moins connus, sélectionnés avec soin pour embrasser de façon très large la place du fil dans la création contemporaine, pour en évoquer toutes les pratiques, les résonances, les symboliques, les usages. Curieusement et malgré l'importance des oeuvres présentées, voici un lieu qui respire la simplicité, à mille lieux des grandes fondations d'art contemporain qui étalent la richesse de leurs créateurs. Cela libère le regard pour toucher vraiment la création...

Le fil, la laine, la corde, le noeud occupent une place fondamentale dans les mythologies et la symbolique, pas seulement en Occident. Mais le fil tient aussi une place un peu oubliée aujourd'hui dans l'histoire de l'art. Pendant longtemps, les tapisseries étaient plus précieuses que les tableaux, une tradition que revisitait, au siècle dernier, Sonia Delaunay, de façon abstraite et orphique avec ses couleurs fascinantes.

Lié traditionnellement à la notion de féminité, le textile a été, pour certaines femmes, un moyen de se moquer, d'attaquer le patriarcat et la phallocratie ambiantes. C'est le coeur du travail drôle et provocant d'Annette Messager, qui questionne le désir et le quotidien sexué. Raymonde Arcier se situe sur le même terrain, de façon spectaculaire avec sa sculpture Au nom du père, portrait en pied d'une femme crucifiée dans son rôle ménager et reproducteur.

Mais le fil offre aussi des possibilités plastiques par sa souplesse, sa sensualité. Les précieux cocons chatoyants de Sheila Hicks joue à la fois sur la douceur et l'émerveillement.

Le tissage, le tressage dépassent le simple fil de coton ou de laine. El Anutsui utilise de simples déchets pour sublimer la matière et créer des tapisseries étincellantes. Joana Vasconcelos détourne des objets du quotidien, les habille pour en questionner le sens et la place dans la société. Certains renouent avec des pratiques ancestrales comme le Brésilien Ernesto Neto pour s'interroger sur l'histoire et avec une pureté du geste pauvre et dépouillé comme Claude Viallat ou la Britannique Phyllida Barlow.

La balade se poursuit en plein air, avec une présentation pleine de poésie dans la végétation et le bruissement de la rivière. D'un noeud monumental par la taille et la couleur de Lilian Bourgeat aux stèles de cordes en plastique d'Odile de Frayssinet, en passant par les créatures hirsutes de Véronique Wirth, les toiles de métal étincelantes d'Antonella Zazzera, un voile coloré de cotons tiges d'Olivier Bartoletti, les vibrations géométriques d'Edith Meusnier, les formes organiques en clématite de Véronique Matteudi, l'imaginaire voyage dans les lignes où le mystère et la sensibilité s'entremêlent, s'entrelacent, tissent un récit vibrant.

Jusqu'au 1er novembre 2018. Juin, mercredi au dimanche, 10 h à 13 h et 14 h à 18 h. Juillet, août, tous les jours sauf le mardi, 10 h à 13 h et 14 h à 19 h. Septembre, octobre, mercredi au dimanche, 11 h à 13 h et 14 h à 18 h. Villa Datris, 7 avenue des Quatre Otages, L'Isle-sur-la-Sorgue. Entrée libre. 04 90 95 23 70.

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