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Nîmes : dans les plis d'André-Pierre Arnal chez Adoue de Nabias


La galerie Adoue de Nabias à Nîmes accueille des oeuvres récentes et anciennes d'André-Pierre Arnal, l'un des fondateurs de Supports/Surfaces.

Les artistes de Supports/Surfaces reviennent sur le devant de la scène artistique. Carré d'art à Nîmes revenait l'an dernier sur cette histoire tandis que le musée de Grenoble présentait un rétrospective du travail de Daniel Dezeuze. Les galeries d'art participent aussi à cette redécouverte. « Il était temps », s'amuse avec élégance et sobriété André-Pierre Arnal, auquel la galerie Adoue de Nabias à Nîmes consacre une exposition, permettant de se replonger dans l’ambiance de cette dernière avant-garde française qui au tournant des années 1970 a remis tout à plat.

L’exposition présente de nombreuses œuvres anciennes de 1969 et 1970, de grandes toiles libres où André-Pierre Arnal joue avec les pliages, avec les empreintes de la toile froissée. Pour l’artiste, l'un des plus littéraire du mouvement Supports/Surfaces, inspiré notamment par ses études de linguistique, il s’agissait de « revenir le plus en amont possible dans la création d’un langage, par une économie de moyen ». Il plie un drap, l’étend sans châssis, pose ses couleurs pour « arriver à un degré le plus simple de la construction picturale. »

Le regard change avec les années et aujourd’hui, ces œuvres sont regardées avec distance. Curieusement, elles ont acquise une forme de délicatesse assez éloignée de la volonté de l’époque. La peinture à la bombe, révolutionnaire à l'époque, donne en fait un étonnant sfumato... « A l’époque je regardais l’art américain, mais aussi Georges Seurat qui est mort à seulement 31 ans. Avant de mourir, il avait fait de petits papiers noirs avec un gros grain et du graphite. Il livrait des œuvres quasiment abstraites, avec des outils très simples et choisis », explique l’artiste, pour qui ses œuvres de jeunesse sont à la fois « très proches et très lointaines. »

L’exposition montre aussi des papiers plus récents, beaucoup plus complexes dans le traitement des couleurs, des compositions faites des papiers déchirés, collés pour recréer un espace nouveau. Le geste est au cœur du travail des artistes de Supports/Surfaces, le pli, la découpe, la déchirure, le collage, l’empreinte, l’arrachage avec la part de hasard que cela suppose. « Quand on se lève le matin, on ne sait jamais ce qu’on va faire, on est toujours surpris de ce qu’on va faire. Je piège le hasard avec des rationalités », explique l’artiste.

Les œuvres de Supports/Surfaces sont souvent vues comme très intellectuelles. Ce n'est pas seulement faux, c'est totalement absurde. Elles sont en réalité très physiques, très corporelles, comme le montrent les petites ardoises qu’il compose à la façon de haïkus japonais, avec un rythme ternaire et des compositions qui tiennent dans un cadre établi d’avance. Ces pièces modestes résument tous les questionnements de l’artiste sur la matière ou la couleur, elles illustrent aussi une démarche où le corps est fondamental, ce corps qui produit du langage, émet des signes : « Les ardoises sont à l’échelle de la main, les papiers à l’échelle de l’avant-bras et les grandes toiles à l’échelle du corps », pour un art toujours à dimension humaine.

Jusqu'au 31 juillet 2018. Mardi au samedi, 10 h-12 h et 15 h-19 h. Galerie Adoue de Nabias, 3 ter rue de la Violette, Nîmes. Entrée libre. 06 52 69 09 78.

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