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Rencontres d'Arles : dans le temple aux méditations de Matthieu Ricard


Le moine bouddhiste et photographe Matthieu Ricard expose ses photos sous un vaste temple de bambou spécialement construit pour les Rencontres d'Arles.

De plus en plus monumentales, les Rencontres d'Arles ont pris ces dernières années une ampleur inégalée, sous l'impulsion de Sam Stourdzé. Le projet le plus étonnant de cette nouvelle édition est sans doute l'exposition de Matthieu Ricard, moine bouddhiste, interprète du Dalai Lama, qui livre avec ses images une méditation sur la beauté du monde, de la nature et de l'humanité. Les grands tirages sont installés sous un vaste temple de bambou construit spécialement pour l'occasion par l'architecte colombien Simon Velez, sur les rives du Rhône, sur un quai du quartier de Trinquetaille.

Dans la chaleur torride de l'été arlésien, la première impression, quand on pénètre dans ce pavillon, est une douce sensation de fraîcheur, grâce à un système de ventilation naturelle et sans aucune climatisation. Une longue allée permet de faire le tour du bâtiment, de cheminer à l'ombre pour en découvrir l'élégante légèreté avant d'apprécier l'exposition de Matthieu Ricard.

A l'intérieur des 1 000 mètres carrés, entre les bambous, Matthieu Ricard présente une extraordinaire sélection de ses clichés, pris autour du monde, principalement dans les montagnes de l'Himalaya où il a régulièrement séjourné. Sur un papier artisanal Awagami fabriqué à l'ancienne, les tirages sont absolument sublimes, d'un noir et blanc serein et intense, accompagnés à chaque fois de quelques mots écrits par le photographe, permettant de comprendre un peu la philosophie qui guide Matthieu Ricard, bien au-delà de la simple démarche artistique.

Monastères perchés, paysages majestueux et désertiques, cavalcades, fêtes religieuses et prières, jeux d'enfants... A travers quarante photographies, Matthieu Ricard montre la beauté de l'univers préservé et la puissance du regard émerveillé sur la lumière du monde. Un regard qui n'a rien de naïf, mais qui choisit de célèbrer l'amour plutôt que l'horreur, la haine et la violence. « Les images de souffrance, de persécution, d'abus et de maltraitance abondent et sont nécessaires pour réveiller les consciences », écrit le moine bouddhiste dans le texte introductif à l'exposition "Contemplations. Mais « en vérité, nous avons au plus profond de nous, à la manière d'une pépite d'or dans sa gangue, un extraordinaire potentiel de connaissance et d'éveil. »

« Lorsque nous allons au coeur de notre conscience, nous n'arrivons pas à la haine, à l'obsession ou à l'arrogance, mais à la conscience pure, lumineuse et fondamentale qui est toujours présente derrière le rideau des pensées », explique Matthieu Ricard, par ailleurs féru de sciences cognitives. C'est cette voie qu'il a choisi d'emprunter en tant que moine, mais aussi en tant qu'artiste. Et c'est sur ce chemin qu'il invite le visiteur à le suivre... « Le photographe peut s'efforcer d'évoquer la beauté intérieure d'un maître spirituel rayonnant de bonté, d'un enfant au regard innocent ou d'un vieillard souriant ; il peut partager l'émerveillement qui l'a saisi lorsqu'il se trouvait face à un paysage, une lumière, un moment qui ravissait son esprit. Une harmonie s'établit soudainement entre le monde qui s'offre à ses yeux et son état intérieur. »

Sous un panorama nuageux des montagnes himalayennes, Matthieu Ricard énumère ces valeurs, ces états qu'il cultive et qu'il partage sans cesses : « Contentement, joie, gaieté, enthousiasme, euphorie, jubilation, béatitude, enchantement, délice, félicité, extase, bonne humeur, insouciance, ravissement, hilarité, jouissance, gratification, satisfaction, plénitude, liberté. » Voici des sentiments qui envahissent les yeux pétillants des visiteurs devant cette exposition unique en son genre...

Jusqu'au 23 septembre 2018. Quai de Trinquetaille, Arles.

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