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Sur la piste... La Nativité d'Yves Brayer aux Baux-de-Provence


Une chapelle peinte par Yves Brayer dans le village historique des Baux-de-Provence.

Dans les années 60 et 70, de nombreuses chapelles anciennes ont été offertes à des peintres. Le cas de Jean Cocteau est sans doute le plus célèbre. Aux Baux-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, Yves Brayer a reçu une commande pour la chapelle des Pénitents Blancs en 1974.

Installé une partie de l'année dans un mas aux portes du village, Yves Brayer n'était pas originaire de la région. Son nom reste pourtant très lié aux représentations de la Provence et de Camargue. Le projet pour la chapelle des Pénitents est d'ailleurs emblématique de cette adoption réciproque. Le programme iconographique est centrée autour de la représentation de la Nativité, un sujet éminemment provençal où la tradition des crèches et des santons fait partie de l'identité.

Dans le choeur, Yves Brayer représente un Christ rédempteur, dans un paysage minéral évoquant les Alpilles environnantes. Sur la paroi sud, l'artiste peint une Nativité au val d'Enfer, étrange chaos de calcaire situé en contrebas du village et le bon pasteur avec son troupeau de brebis. En face, il évoque les bergers, suivant l'étoile de Noël et se reposant en chemin. Le tout est empreint d'une grande sérénité. Pour Yves Brayer, ce projet représentait un accomplissement.

Dans une plaquette éditée à l'époque, l'écrivain Maurice Druon, de l'Académie française, saluait le travail de l'artiste :

« Sur le rocher des Baux, où les siècles ont fait leur nid, souffle depuis quelques années une brise de résurrection. Et l'on vient du monde entier, en pèlerinage de curiosité, vers ce village admirable qui domine l'un de plus somptueux paysages de Provence, et dont chaque rue montueuse, chaque porche, chaque pierre dit l'art, l'effort et la foi des hommes qui vécurent, bâtirent et régnèrent ici. Une oeuvre de restauration exemplaire, a été conduite afin de relier notre présent, avides de racines, à un passé si riche de témoignages.

« Parmi ceux-ci, la chapelle des Pénitents, face à l'église, sur la placette haute, était vouée depuis trop d'années à un sommeil gris. La voici rendue à la vie et à la lumière ; la voici rendue, grâce aux fresques d'Yves Brayer, à ses significations.

« La messe des bergers, à Noël, est une tradition millénaire des Baux. Dans cette cérémonie rustique apparaissent tous les symboles chers à l'homme méditerranéen : l'étoile du destin et de l'espérance, le pasteur des troupeaux et des âmes, la marche dans la nuit vers la lumière, l'agneau de l'offrande et de rédemption.

« Ce sont ces symboles éternels qu'Yves Brayer a exprimés, illustrés, magnifiés autour de la chapelle des Pénitents avec ce trait évocateur, cette maîtrise des couleurs chaudes, cette poésie de la réalité qui l'ont fait célèbre. En même temps, il a voulu exalter la Provence qu'il aime ; les fresques, l'une à l'autre liées, recomposent à l'intérieur du monument les paysages d'alentour. Ainsi procédaient les grands imagiers de jadis, aux mains expertes, au coeur sincères.

« De la sorte, la chapelle des Baux, au bord du roc et du temps, devient un symbole du site tout entier. »

Juste à côté de l'église, l'hôtel des Porcelets, construit au XVIe siècle, abrite depuis 1991 un musée consacré à l'oeuvre de l'artiste. Il présente un large panorama de sa carrière et chaque été, des expositions temporaires. En 2017, c'était Henri Cartier-Bresson, en 2018, ce sera Paul Signac.

Né à Versailles en 1907, Yves Brayer fait partie de ces peintres qui, tout en regardant les artistes de son temps, sont restés fidèles à une forme de tradition, revisitée de façon personnelle, mais sans jamais s'éloigner de la figuration. Il annonce toute la génération qui après guerre, autour de Buffet ou de Rebeyrolle, revendiquera une attitude similaire.

Pensionnaire à la Villa Medicis à l'époque dirigée par Paul Landowski, il obtient le Grand prix de Rome en 1930. Après la période sombre des toiles espagnoles, il découvre l'Italie qui immortalise dans la chaleur ocre et rouge.

En 1945, il découvre la Provence et la Camargue, où il saisit l'héritage de toute la civilisation méditerranéenne, relié philosophiquement, littérairement, esthétiquement à l'Antique. Dans les années qui suivent, il parcourt le monde, toujours sur les traces d'empires culturels qui lui permettent de se confronter aux grandes civilisations, le Mexique, l'Egypte, l'Iran, la Grèce, la Russie, les Etats-Unis ou le Japon.

Dans les années 50 et 60, il s'impose comme l'un des grands maîtres de ce que la critique a rassemblé sous le vocable très flou de Seconde école de Paris. Avec un sens prononcé du graphisme, ce grand paysagiste construit une oeuvre solide et affirmative. Membre de l'académie des Beaux-arts, longtemps conservateur du musée Marmottan, il a aussi beaucoup travaillé à l'illustration de tirages limités de textes de Cendrars, Montherlant, Claudel, Giono, Mistral ou Pagnol.

Tous les jours, 10 h à 12 h 30 et 14 h à 18 h 30. D'octobre à mars, tous les jours sauf le mardi, 11 h à 12 h 30 et 14 h à 17 h. Fermeture en janvier et février. Musée Yves-Brayer, place François-Hérain, Les Baux-de-Provence. 8 €, 4 €, gratuit - 18 ans. 04 90 54 36 99.

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