Rencontres d'Arles : l'Amérique de Paul Graham, l'ombre et la lumière
Le photographe Paul Graham présente une errance américaine entre couleurs et aveuglement à l'église des Frères Prêcheurs dans le cadre des Rencontres d'Arles.
Traditionnellement, les expositions présentées à l'église des Frères Prêcheurs sont toujours à part dans la programmation des Rencontres d'Arles. Avec ses vastes volumes, l'ancienne église désacralisée permet des accrochages monumentaux mais exige des oeuvres d'ampleur qui puissent résister aux lieux. Pour cette édition 2018, la nef accueille d'une des plus belles expositions du festival, "La blancheur de la baleine" de Paul Graham, servie par un accrochage d'une justesse impressionnante jouant à la fois sur l'intime et le spectaculaire.
Le photographe américain Paul Graham présente un portrait de l'Amérique contemporaine à travers trois séries, magnifique triptyque dont les images dialoguent pour dessiner le vaste portrait d'un pays affichant ses triomphes, mais traversé par des fêlures béantes.
L'exposition "La Blancheur de la baleine" débute avec les grands tirages de la série "Nuit américaine". L'artiste y photographie de façon très frontale des paysages typiques de l'american way of life, mélangeant images de maisons bourgeoises saisies de façon picturale, des caricatures du rêve américain et des environnements moins prestigieux surexposés, presque blancs, des images laiteuses où le réel s'enfuit, s'échappe, où le monde s'effondre, s'efface, devient fantomatique. Belle métaphore de l'aveuglement d'un pays devant les mirages qu'elle produit et reproduit...
Le parcours se poursuit avec "Un scintillement de possibilités", une déambulation à travers le pays, une série de rencontres où éclatent les divisions de la société américaine dans une épopée du banal. Entre portraits, détails et scènes urbaines, Paul Graham saisit un pays plein de contradictions, livre une errance traversée par les blessures sociales et ethniques qui prennent racine dans l'histoire et dont les paysages portent les traces aujourd'hui et maintenant.
Enfin, Paul Graham présente la série "Le Présent". A New York, il revisite la tradition de la photo de rue. Avec des grands polyptyques, accrochés près du sol, le visiteur est plongé dans l'ambiance de la ville, parcourt New York au plus près des trottoirs, se promène dans la foule au contact de l'Amérique contrastée de Paul Graham.
Jusqu'au 26 août. Eglise des Frères Prêcheurs, rue Docteur-Fanton, Arles.