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Marseille : Claude Lévêque, l'espace et la lumière


Le plasticien Claude Lévêque investit deux espaces du Frac à Marseille ainsi que la chapelle de la Vieille Charité pour des expériences immersives et étranges.

Dans un monde de la parlotte et du bavardage, l'art de Claude Lévêque relève de l'expérience personnelle. Le plasticien explique peu son travail, il propose de le vivre, de l'éprouver. Invité du Fonds régional d'art contemporain à Marseille, avec Back to nature, il crée deux espaces différents, apparemment éloignés et qui communiquent subtilement. Artiste de la lumière, connu notamment pour ses néons, il occupe une vaste salle du Frac avec un grande table Louis XV, agrandie à un format démesuré dans une pièce presque entièrement vide. Dans un coin, un vélo suspendu projette son ombre sur le mur tandis que retentit le bruit du brame du cerf. L'obscurité, le bruit, l'échelle... Les sens sont totalement désorientés... Claude Lévêque interroge la perception du visiteur perdu dans cet espace, l'invite à se raconter une histoire.

Dans un coin, une lumière orangée perce. Comme une quête qui se dessine, se devine... Cette lueur provient d'un deuxième espace, où Claude Lévêque crée un couloir avec des palissades de bois, une étroite déambulation baignée par une lumière chaude et des notes de harpes. En contraste de la première salle, l'installation se fait enveloppante, guidant les pas dans un chemin qui s'étrécit puis s'élargit pour plonger vers le BMX déjà vu sous un autre angle. Les deux salles sont fermées par des rideaux de grand-mère, conservés d'une ancienne exposition, qui viennent ajouter une touche d'humour à la proposition plastique et aux volumes contemporains du Frac. Le titre aussi interroge, curieux retour à la nature où la harpe côtoie l'animal sauvage... Mais ce que propose l'artiste, c'est justement, avec une économie du moyens, de s'immerger dans des atmosphères pour mettre en question son propre regard, son vécu. « Notre présence dans cette oeuvre devient partie prenante d'un dispositif qui ébranle nos souvenirs, nos perceptions, et nous propose de participer à une expérience sensible, sonore et physique particulière », expliquent les commissaires.

L'exposition se complète d'une oeuvre créée in situ pour la chapelle de la Vieille Charité. Avec Life on the line, Claude Lévêque joue avec la grandeur de l'architecture classique de Pierre Puget. Dans la voûte de pierres blondes du XVIIe siècle, l'artiste fait tourner une forme scintillante et légère, réfléchissant les éclats de lumière et du passé. Nervures, squelette, arbre ou éclair ? Chute, ascension, envol, flottement ? Peu importe, cette installation d'acier étincelant qui réfléchit la lumière, tournant lentement sur elle-même, transforme les lieux avec un mystère vertigineux doublé par les vibrations sonores, un étrange souffle de basse qui accompagne l'oeuvre. « Ce que je recherche, c'est la métamorphose, la théâtralité et non l'événementiel des situations, explique l'artiste. L'oeuvre a été créée pour réfléchir la lumière du jour. Elle est une diffraction de l'architecture qui évoque ses sensations ».

Jusqu'au 14 octobre 2018. Frac Paca, 20 boulevard de Dunkerque et Centre de la Vieille Charité, 2 rue de la Charité, Marseille. 5 €, 2,50 €. Nocturnes gratuites vendredi 31 août, samedi 1er septembre et vendredi 5 octobre. 04 91 91 27 55.

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