top of page

Nîmes : les mots de la ville à la galerie NegPos


Un cycle d'expositions autour de la ville et des mots dans l'espace urbain avec la galerie NegPos, à Nîmes.

Sur les murs, les affiches, écrits ou criés, les mots sont partout dans la ville, de façon poétique ou revendicative, intime ou collective, ils sont la présence de l'homme dans le béton... Pour sa quatorzième édition des Rencontres Images et villes, la galerie NegPos à Nîmes propose un cycle d’expositions interrogeant les modes de vie, l’architecture et la place de l’humain dans l’univers urbain, sa voix, sa trace, ses idées inscrites ou clamées par les mots.

La balade débute à la galerie du Nemausus de façon très sombre avec les photos à fleur de peau de Nicolas Quinette. Avec un mélange de textes et d’images très spontanées, comme un journal ténébreux dans un environnement nocturne et défoncé, il présente une « ville souvent lourde, épaisse, opaque, mais qui n’écrase pas trop et même pousse à exister ». Dans un noir et blanc de cendres, il livre une série d’instants, partage un chemin singulier, celui qu'il trace et qu’il suit pour essayer de rester debout. Le titre de la série : “Et surtout n’essaye pas de me guérir”.

En contrepoint, Jaâfar Akil, que NegPos avait déjà exposé pour une variation autour du deuil, présente la ville au ras du sol, au pied de la lettre, présentant ses images en regard de textes d’écrivains nîmois.

Jean-Louis Bec partage cette vision à la fois modeste et littéraire. Poète et photographe, il présente à la Faculté d’éducation la série "L’attente des fissures", petits détails visuels d’une contemplation sur un autre rythme, voyage dans les brèches de l’espace public aux marges de l'abstraction saisissant à la fois, selon les mots de ses poèmes, la « ville méduse grinçante » et « la frontière qui tire droit sur la vue ».

Les mots de la ville sont aussi ceux qui s’affichent sur les murs, artistiques, politiques ou les deux. En 2003, la Sud-Africaine Nontsikelelo Veleko a documenté les graffitis sur les murs de Cape Town et Johannesbourg pour la série "Ceux d’en haut ne veulent pas que ça s’arrête". En quelques photos, c’est comme le précipité d’une époque, les années qui suivent la disparition de l’apartheid, un moment où se conjuguent le désir et l’inquiétude, l'optimisme et la revendication. Ses photos sont montrées notamment dans l’espace public, accrochées dans l’abribus à côté du Nemausus, étalant de façon majestueuse quelques mots simples et directs : "I am not affraid", je n’ai pas peur. Les mots dans l’espace public se déploient aussi avec le projet mené à Valdegour, quartier populaire à l'ouest de Nîmes, lors d’ateliers d’écriture avec des personnes accompagnées vers l’alphabétisation. A la façon des "dazibao" chinois, elles livrent leurs visions de Nîmes, dispersent leurs mots dans le quartier et se photographient lors de cette prise de parole.

Comme chaque année, les Nîmois du groupe Regards sur la ville accompagnent la recherche. Fabrice Spica donne la parole aux migrants invisibles, Frédéric Soumier s’intéresse à “Ce qui s’efface”, ces anciennes enseignes peintes qui disparaissent, Yoann Galiotto livre une vision décalée des mots du foot à travers les banderoles des supporters, Patrick Thonnard s’intéresse à la "Smart Faune", cette génération connectée qui échappe à la ville par des traits d’union numérique.

Mais l’architecture est aussi une forme d’écriture de l’espace, une façon de raconter des histoires, de saisir l'Histoire. La maison des adolescents accueille le projet de Véronique Pinguet-Michel “60 ans de la vie d’un quartier, le journal intime du Chemin Bas d’Avignon”, un mélange de photos racontant la vie du quartier, photos de classe ou archives de la construction par Hervé Collignon.

Loin de la grisaille, Patrice Loubon, qui participe en ce moment aux Rencontre d'Arles à la fondation Manuel Rivera Ortiz, suit la piste d’un architecte incroyable, le Bolivien Freddy Mamani. Son travail sera prochainement mis à l’honneur à la fondation Cartier à Paris. Avec des couleurs flashys, il dessine des bâtiments baroques en se réappropriant les codes, les formes et les symboles des Indiens, notamment la communauté aymara à laquelle il appartient. Dans une première série, Patrice Loubon photographie ces bâtiments de façon objective, face à face objectif à la Becher, mais avec des couleurs pop. Parallèlement, il montre des photos de rue, le quotidien à La Paz et El Alto, des scènes pleines de vitalité qui montrent la façon dont les communautés indiennes ont pris la parole depuis l’accession au pouvoir d’Evo Morales. Au-delà des murs !

Jusqu’au 31 août. Programme complet sur negpos.fr

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page