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Nîmes : les éléments et le souffle de la vie au CACN


"La synchronicité des éléments" au CACN à Nîmes, variation pleine de grâce autour du rapport à la nature.

Créé discrètement l’an dernier par Bertrand Riou, le Centre d’art contemporain de Nîmes s’est rapidement imposé comme un espace d’expérimentations sensibles et pleines de fraîcheur. Avec "La Synchronicité des éléments", il présente sa meilleure exposition depuis son ouverture, tant par la sélection des artistes que par la lisibilité de l'accrochage. Réunissant une dizaine d’artistes travaillant autour de la nature, l'exposition offre un regard sur la fragilité et la force du souffle de la vie. Les œuvres tissent entre elles un réseau poétique, suivant le principe de synchronicité, concept forgé par le psychiatre Carl Gustav Jung selon lequel la coïncidence s’efface au profit du sens que l’on donne aux événements.

Souvent le rapport à la nature est relativement étrange. Jean-Baptiste Caron livre des reliefs intrigants de cire sur béton, quelque chose de l’empreinte de l’air et du regard géographique, entre fragilité et solidité, entre le lourd et le léger. Le relief est aussi au cœur du travail de Lionel Bayol-Thémines qui crée des paysages montagneux virtuels déployés dans l’espace. Les images se déplient, créent des volumes, des sommets, des vallées, une nouvelle réalité.

La perception de l’espace évolue avec les nouvelles technologies. Traditionnellement en Occident, depuis la Renaissance, le tableau était une fenêtre ouverte sur le monde, un univers qui peut se chiffrer aujourd’hui en données data, en codes. C’est ce que fait Mathieu Merlet Briand avec des œuvres littéralement éblouissantes dont la perception évolue en fonction de l’angle de vue, s’effaçant pour laisser la place à des surfaces miroitantes non réfléchissantes.

Curieusement, le numérique crée aussi un nouveau rapport à l’image, à la matière, aux techniques de représentation, une nouvelle esthétique. Émilie Losch sculpte la carte du Nil en 3D et présente le fleuve nourricier et fondateur de la civilisation en réseau veineux, une sculpture murale organique et vivante. Pablo Garcia réduit les topographies de lieux dévastés par la Première Guerre mondiale à des présentations abstraites.

L’image aussi change de nature, devenant à la fois plus nette et plus étrange. Laure Mary-Couégnias mélange éléments naïfs et animaux dangereux pour des compositions raffinées et inquiétantes. Anne Renaud peint des fleurs mélangées à des éléments abstraits, des liens qui semblent les emprisonner.

Car l’environnement est en danger. Dorothée Clauss est sans doute la plus politique, la plus directement engagée dans la défense l’écologie avec un tableau où elle fait cohabiter la représentation saisissante et très réaliste d’un ouvrier versant un produit chimique et des dessins d’enfants.

L’exposition s’achève par l’installation de Vahan Soghomonian. Dans une pièce obscure baignée de lumière fuschia, il crée un écosystème où se mélangent la terre, le feu, le son, le souffle, un univers artificiel peuplé de plantes habituées aux milieux hostiles et qui continuent à se développer, reprenant le dessus sur les constructions humaines. Dans cette structure de croissance, l’artiste fait aussi référence aux sciences occultes et au chamanisme et modifie physiquement le regard du visiteur qui ressort de la pièce rose en voyant tout en... vert.

Jusqu'au 22 septembre. Mardi au samedi, 11 h-18 h. Centre d’art contemporain de Nîmes, 25 rue Saint-Rémy, Nîmes. Entrée libre. 09 86 41 60 33.

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