Sur la piste... La cathédrale de Nevers, temple du vitrail contemporain
A Nevers, la cathédrale gothique est décorée par plus de 1 000 mètres carrés de vitraux contemporains signés Raoul Ubac, Claude Viallat, Jean-Michel Alberola, Gottfried Honegger et François Rouan.
L'été 1944, l'été de la Libération, a parfois été cruel pour le patrimoine français. Dans la nuit du 15 au 16 juillet, par exemple, une pluie de bombes s'abat sur la ville de Nevers, dans la Nièvre, visant le dépôt ferroviaire. Hélas, des engins explosifs tombent également sur la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette, ruinant son choeur gothique, soufflant les vitraux de la nef.
Après guerre, l'église est reconstruite à l'identique et dans les années 1960, une fois la restauration achevée, se pose la question des vitraux. Sous l'impulsion d'André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles du Général de Gaulle, il est question de redonner des vitraux modernes à la cathédrale. Jean Bazaine et André Manessier, peintres abstraits de la Seconde école de Paris, commencent à plancher sur le projet qui se concrétise partiellement avec la réalisation de premiers vitraux par Raoul Ubac.
Cela va se prolonger ensuite, pour redonner à l'édifice ses couleurs. En tout, ce sont 130 baies et 1 052 mètres carrés qui habillent la nef. Ce chantier est un véritable laboratoire pour le vitrail contemporain, pour son intégration dans les sites anciens, pour les collaborations entre les artistes d'aujourd'hui et les grands maîtres verriers. Dans les années 1970, puis 1980, soutenu cette fois par François Mitterrand, ancien élu de la Nièvre, le chantier redémarre. Il faudra plus de 30 ans, de 1976 à 2009 pour qu'il soit mené à son terme. Et le résultat est spectaculaire, par la lumière, les couleurs, les reflets sur la pierre, l'ambiance magique où le XXe siècle rencontre le Moyen-Âge...
Le choeur roman, Raoul Ubac, verrier Charles Marcq
Les ondulations striées symbolisent les quatre éléments et les fleuves du paradis.
La crypte et la nef gothique, Gottfried Honegger, verrier Jean Mauret
Dans les fenêtres hautes de la nef, Honegger trace des arcs bleus au nord, rouge au sud, symboles de l'alliance entre les hommes et Dieu.
Dans la crypte, il décline les couleurs primaires, le demi-cercle, le demi-carré et le demi-triangle pour évoquer le monde en devenir et la renaissance.
La nef gothique, François Rouan, verrier Benoît Marq
Adepte du tressage, François Rouan fait allusion au bombardement de la cathédrale avec des formes éclatées.
Le choeur gothique, Claude Viallat, verrier Jean-Bernard Dhonneur
Avec des couleurs éclatantes et la forme abstraite qu'il décline à l'infini, Claude Viallat s'éloigne du programme iconographique de la Jérusalem céleste et irradie le choeur d'une myriade d'éclats métamorphosant sans cesse les pierres de la cathédrale.
Le transept et les chapelles rayonnantes, Jean-Michel Alberola, atelier Duchemin
Récupérant une partie du chantier initialement confié à Markus Lüpertz, Jean-Michel Alberola est l'artiste le plus représenté avec des épisodes de l'histoire du salut dans les chapelles autour du choeur et une évocation de l'Apocalypse selon saint Jean dans le transept.
