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Sur la piste... Maison Rouge, l'histoire vivante des Cévennes

La filature de Maison rouge, musée des vallées cévenoles explore l'histoire des Cévennes à Saint-Jean-du-Gard, près d'Alès.

Tout petit, Daniel Travier avait mis de côté une pièce de monnaie de l’époque de Louis XVI, découverte par son grand-père en grattant la terre. Un geste fondateur... Depuis sa passion pour l’histoire et la collection ne s’est jamais arrêtée. Au fil des années, il a rassemblé environ 30 000 objets racontant la vie cévenole, la vie de tous les Cévenols. Plus de 10 000 sont aujourd’hui rassemblés à Maison rouge, le musée des vallées cévenoles qui a ouvert ses portes en septembre 2017 à Saint-Jean-du-Gard, près d'Alès dans le Gard.

L'ancienne filature, construite sur les rives du Gardon, a fermé ses portes en 1965. Entièrement restaurée, elle est symbolique de l'histoire de la soie en Cévennes. La première, elle a utilisé le fameux procédé Gensoul, permettant grâce à la vapeur, l'industrialisation de la fabrication du textile. La dernière, elle a fermé ses portes et avec elle disparaissait aussi l'ultime filature de soie française. À côté, un autre bâtiment moderne et intégré à l’environnement a vu le jour, dessiné par le cabinet Vurpas.

Grâce à la scénographe Marion Lyonnais, c’est toute l’histoire des Cévennes qui reprend vie et défile avec un charme singulier. À l’inverse du conservateur d’un musée qui n’aurait sélectionné que quelques pièces significatives, forcément magnifiques, Daniel Travier a accumulé une quantité incroyable d'objets, pour en montrer toute la diversité. Ce n’est pas parce qu’il a déjà un outil, qu’il va se priver d’en collecter un autre, qui ne sera ni plus, ni moins intéressant, mais simplement un témoignage supplémentaire et chaque fois différent.

Et l’accrochage respecte l’esprit de cette collection particulière. Ni une muséographie à la Georges-Henri Rivière avec ses dioramas attendrissants et délicieusement rétro, ni une mise en valeur précieuse de quelques pièces façon Quai Branly, mais une accumulation joyeuse, foisonnante et éclairante. « Ce sont des objets, mais ils sont les témoins d’une civilisation, d’hommes et de femmes qui les ont utilisés », explique Daniel Travier, qui ne souhaite pas montrer « la beauté du mort, mais un pays qui vit », une terre au présent, fière de ses racines et tournée vers l'avenir. Quelques portraits de Cévenols, d’hier et d’aujourd’hui, accueillent d’ailleurs le visiteur, l’invitant à partager une mémoire universelle et reconnue comme telle par l'Unesco, qui a classé au patrimoine mondial "Les Causses et les Cévennes, paysages culturels de l'agropastoralisme méditerranéen" en 2011. La programmation culturelle est pensée pour montrer ce dynamisme avec artistes et artisans qui travaillent en relation avec les savoir-faire et les richesses du territoire.

Le musée évoque les grands épisodes historiques, mais aussi les hommes et les paysages. « C’est un pays façonné par l’homme, aménagé, planté », poursuit Daniel Travier. Le manque d’eau et les caprices des rivières, les transports de marchandises et des denrées dans ces vallées encaissées, l’agriculture et ses terrasses... Les travaux des hommes ont modelé ces montagnes, traversées par les drailles des transhumances et les pistes muletières qui permettaient aux Cévennes de commercer avec le pays et le monde.

Quelques productions ont été fondamentales, d’abord celle du châtaignier, l'arbre à pain qui accompagnait chacun du berceau au cercueil. « Pendant un millénaire, il a nourri les Cévenols. L’homme a vécu avec l’arbre et l’arbre avec l’homme ». La soie ensuite a aussi assuré la prospérité des Cévennes, à partir du XVIIIe siècle. La grande salle de la filature permet de découvrir les machines, récupérées par Daniel Travier dans une usine de Sainte-Croix-Vallée-Française, impressionnante mécanique accompagnée par les portraits de ceux qui la faisaient tourner et tous les outils qui permettaient la fabrication de la soie jusqu'aux magnifiques étoffes cévenoles.

Tout le quotidien est raconté, à travers l’artisanat, les animaux, les grands événements, l’habitat rural, les foires, le commerce, l'habitat, la vie familiale, chaque fois avec des dizaines d’objets, jusqu’aux questions religieuses. Car les Cévennes sont aussi des terres indissociables de la Réforme protestante et des guerres de religion, et à travers celles-ci de l’esprit de résistance et d’insoumission qui palpite encore dans ses vallées.

Maison Rouge, musée des vallées cévenoles, 35 Grand'Rue, Saint-Jean-du-Gard. 8 €, 4 €, gratuit - 12 ans. 04 66 85 10 48.

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