top of page

Sauve : variations poétiques de Jean-Marc Urquidi et Thomas Henriot


Dialogue entre deux artistes, Jean-Marc Urquidi et Thomas Henriot, à la galerie Larnoline à Sauve.

Les deux univers sont apparemment éloignés et pourtant, de nombreux fils, subtils et poétiques, se tissent rapidement entre les œuvres de Jean-Marc Urquidi et de Thomas Henriot, réunis par la galerie Larnoline à Sauve, dans le Gard, avec des œuvres sur papier qui jouent autour de la notion de variation. Tous deux creusent un sillon, pour explorer les possibilités plastiques et poétiques d’un geste, d'un sujet. Tous deux se nourrissent d’un long et patient travail d’observation. Tous deux partagent un regard et présentent une variation contemporaine autour de l'art du dessin que défend avec constance la galerie Larnoline qui participera bientôt au salon Drawing Room à Montpellier avec un solo show de Sarah Jérome.

Jean-Marc Urquidi présente notamment une série autour des pierres. A l’huile, il peint des cailloux, des pierres de ballast, des matériaux simples qui échappent souvent aux regards et que lui contemple, avant de les coucher sur le papier avec douceur. « C’est un jeu entre le pinceau, le papier et moi, avec le risque d’en faire trop, de donner trop de détails d’une réalité qu’il n’existe pas », explique l’artiste, toujours dans un équilibre fragile pour ne pas en faire trop. L’artiste aime avant tout le temps parallèle où il plonge, pour cet art qui relève de la construction lente, de la méditation. « Le temps du faire est absolument nécessaire », explique Jean-Marc Urquidi qui se situe dans un moment où il est « parfaitement à l'intérieur et à l'extérieur, en proximité avec les choses que je regarde. »

Le résultat est étonnant par un mélange de flou et de précision, qui impose aux regards plusieurs distances devant ces compositions presque fractales, dans lequel on ne finit pas de rebondir, se chercher son chemin. Il y a toujours un sentiment d’étrangeté et proximité, devant ces masses de pierre où se mélangent la pesanteur et l’apesanteur, un refus du trompe l'oeil et un réalisme poétique , comme s'il peignait une foule où chaque visage est différent, où toutes les identités voisinent pour créer un autre corps. Et pourtant, « je prends ces pierres, je ne les trahis pas, je conserve leur échelle, je n’ai pas la volonté de les amener vers un ailleurs », poursuit Jean-Marc Urquidi, pour qui le moment et le faire sont fondamentaux. A travers ces œuvres, il donne à voir avant tout « un moment hors du temps », dans lequel il se situe également quand il peint des tas de terre ou des cheveux, toujours avec ce regard humble et précis.

Thomas Henriot se situe aussi dans ce jeu entre le multiple et le singulier. Artiste voyageur, il sillonne en permanence la planète, posant ses papiers à même le sol pour dessiner à l’encre de Chine sous le regard des passants. Toujours entre Cuba, le Liban, la Mauritanie ou l'Argentine, il construit un art de la rencontre et du nomadisme, il partage une vision du monde.

A partir de L’autre rive, un dessin né sur les rives du Gange en Inde, il a demandé à la maison Antoinette Poisson de tirer des papiers peints dominotés. Ces artisans parisiens perpétuent une technique du XVIIIe siècle avec passion, gravant des plaques pour imprimer des dominos de papiers peints comme ceux qui décoraient jadis les intérieurs précieux. Sur la trame de ce dessin, où se mélangent des fleurs et l'évocation d'un squelette, Thomas Henriot vient poser ses encres, faisant danser son pinceau asiatique pour des variations colorées où la simplicité et la puissance se conjuguent dans le bonheur de peindre.

Jusqu'au 21 octobre. Vendredi au dimanche, 11 h à 13 h et 15 h et 18 h et sur rendez-vous. Galerie Larnoline, 2 rue de l'Evêché, Sauve. Entrée libre. 04 66 80 53 03.

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page