Cévennes : un sentier de land-art au sommet de l'Aigoual
Un parcours en sept oeuvres de land-art grimpant vers le sommet de l'Aigoual, dans le Gard.
Bien souvent, les propositions dites de land-art se résument à des oeuvres montrées en plein air, sans aucune réflexion sur le paysage, sans interprétation des lieux, sans cette fusion avec les éléments qui fait le coeur du land-art. Porté par La Filature du Mazel, lieu de soutien à la création installé à Notre-Dame-de-la-Rouvière en Cévennes, le parcours "Les balcons de l'Aigoual" disperse la poésie dans la nature, offre un nouveau regard sur cet environnement fascinant et propose de vivre réellement une série d'expériences sensorielles au grand air. Sur une petite route, la balade de deux heures rassemble sept oeuvres, sept pièces inspirées par les lieux, uniquement réalisées avec des matériaux récoltés sur place comme l'impose la charte rédigée avec la complicité du Parc national des Cévennes.
Le regard s'éveille au fil du sentier, face aux majestueux points de vue sur les Cévennes. Certains visiteurs inspirés ont même complété le parcours de modestes et précaires installations. Pour cette première édition, les organisateurs ont reçu une cinquantaine de candidatures. Le choix s'est porté sur « ceux qui se sont vraiment renseignés, ont compris ce qu’était l’Aigoual pour créer des œuvres qui résonnent dans les lieux », explique Claire Schneider de la Filature du Mazel. Les oeuvres sont installées jusqu'au 31 octobre, certaines pourront peut-être traverser le temps, c'est le principe de land-art... Elles seront sans doute rejointes l'an prochain par de nouvelles propositions artistiques. La mémoire de cette aventure sera conservée aussi grâce aux photos d'Anna Saule qui a documenté chaque projet.
L'Orée, de Yohann Crépin
Habitué des expositions de land art, Yohann Crépin ouvre le sentier avec un cheminement et une porte, une invitation à se laisser guider vers la poésie.
Bassin versant, de Xavier Rèche
Avec une barque échouée au milieu des arbres, une arche squelettique de bois, Xavier Rèche évoque la ligne de partage des eaux que constitue l'Aigoual. D'un côté du massif, les rivières coulent vers la Méditerranée, de l'autre, elles descendent vers l'Atlantique.
Tout là-haut, de Guth Joly
Encore plus haut... Avec ses échelles blanches dressées contre les arbres de la forêt, Guth Joly invite à s'élever, pour continuer l’ascension vers le monde des rêves.
Assise, de Marie-Hélène Richard
Marie-Hélène Richard a choisi d'installer son oeuvre face à l'un des points de vue les plus impressionnants du sentier. Elle invite les promeneur à s'installer dans un fauteuil extravagant pour méditer face à un paysage démesuré.
Couché dans l'herbe, de Fabrice Pressigout
L'artiste allonge quelques personnages dans l'herbe et invite à les rejoindre pour s’adonner, la nuque dans les bruyères, à la paréidolie, la capacité à imaginer des formes dans les nuages.
Le sentier des arbres liés, collectif Les Articulteurs
Ce n'est pas l'oeuvre la plus spectaculaire et pourtant, c'est certainement celle qui est la plus proche de l'âme du land art. Les Articulteurs (Thomas Martin, Yoann Culieras, Arnaud Dubol Lefranc, Marie Keraudren) soulignent à la chaux quelques cadeaux de la nature, les anastomoses, ces points de contact où les branches, les troncs se rencontrent, s'enlacent, s'embrassent, s'épousent...
Tempus Fugit, de Fiona Paterson et Donald Buglass
Le chemin s’achève avec l’horloge des Néo-Zélandais Fiona Paterson et Donald Buglass, installée à l'ombre de l'observatoire météo de l'Aigoual qui enregistre chaque jour les changements climatiques. Pour ne pas oublier que la nature est menacée et que le chronomètre est déjà lancé. Tic, tac...
Point de départ de la station de Prat-Peyrot, Valleraugue jusqu'à l'observatoire de l'Aigoual. Le sentier est aménagé sur une route asphaltée accessible à tous, enfants, poussettes, cyclistes ou personnes à mobilité réduite.